Just Twilight – Tomes 1 & 2 : une romance douce-amère sous les arbres

Il arrive parfois qu’un manga ne cherche pas à bousculer les codes, mais plutôt à les adoucir. Just Twilight, publié chez Sikku en version imprimée après un passage remarqué en webtoon, fait justement partie de ces récits qui séduisent par leur atmosphère autant que par leur histoire. Les deux premiers tomes, parus mi-octobre, installent une romance lycéenne atypique, volontairement silencieuse, presque contemplative, qui s’attarde davantage sur les sensations et les hésitations que sur les grandes déclarations. Et autant le dire clairement : c’est une belle réussite.

Une rencontre à l’écart du monde

Dès les premières pages, le ton est posé. On découvre Joon-yeong, élève brillante, mais épuisée, écrasée par les attentes familiales et un quotidien qui lui laisse peu d’air. En cherchant un endroit isolé pour étudier, elle tombe sur une maison abandonnée, perdue dans la forêt. Un refuge parfait, hors du temps, coupé de tout. Elle pense en avoir l’usage exclusif… jusqu’au jour où elle y surprend Beom-jin, son camarade réputé « mauvais garçon », en train d’y faire la sieste comme si l’endroit lui appartenait.

De cette collision improbable naît une cohabitation faite de distance, de méfiance, puis d’une tendresse inattendue. Wu Ji Hye maîtrise admirablement l’art de l’émotion retenue, ces moments où deux personnages communiquent davantage par le silence que par la parole. Quant au dessin de Kang Ki, il sublime les ambiances : jeux de lumière, textures douces, regards fugaces… La maison abandonnée devient presque un troisième protagoniste, un espace où chacun laisse tomber ses masques.

Un premier tome entre douceur et tension contenue

Le premier volume prend le temps de poser ses bases. Loin d’un rythme survolté ou des clichés du shôjo classique, Just Twilight préfère la lente montée en intensité. On apprend à connaître Joon-yeong, ses anxiétés, ses petites lâchetés aussi, et surtout ce besoin presque vital de respirer. Beom-jin, pourtant affublé d’une réputation pas franchement enviable, se révèle rapidement plus nuancé, plus fatigué que réellement rebelle.

La relation se construit au fil de leurs rencontres clandestines dans cette maison hors du monde. C’est lent, mais dans le bon sens du terme : on ressent chaque pas en avant, chaque crispation, chaque hésitation. Rien n’est forcé. Rien n’est romancé artificiellement. Le duo fonctionne parce qu’il reste profondément humain.

Dans le deuxième tome, le monde extérieur frappe à la porte

Le tome 2 vient introduire une nouvelle dynamique. Avec l’arrivée de Seung-woon, élève transféré de Séoul, populaire et charismatique, le fragile équilibre entre Joon-yeong et Beom-jin commence à vaciller. Le refuge n’est plus seulement un lieu secret : il devient un enjeu. Peut-on vraiment préserver un espace à deux quand le quotidien, les rumeurs et les regards extérieurs s’en mêlent ?

Ce second volume ouvre davantage l’intrigue. Les personnages changent de posture : Joon-yeong gagne en franchise, Beom-jin laisse entrevoir ses failles, et Seung-woon joue le rôle du déclencheur, sans jamais tomber dans la caricature du « troisième larron ». L’ambiance reste douce, mais la tension émotionnelle monte d’un cran. Là encore, la force du récit tient dans cette manière d’avancer sans brusquer, de laisser la romance s’installer au rythme des saisons.

Un webtoon magnifiquement adapté en format papier

Sikku réussit une très belle édition de Just Twilight, fidèle à l’esthétique verticale d’origine tout en la rendant agréable à lire au format manga. Les couleurs sont soignées, le papier met bien en valeur les ambiances lumineuses, et le découpage reste fluide malgré l’adaptation.

On sent surtout la volonté de proposer un titre différent : une romance qui ne cherche pas l’effervescence, mais l’intimité. Une lecture qui se savoure lentement, qui rappelle ces histoires adolescentes où l’on découvre l’importance de trouver un lieu à soi, un instant suspendu.

Pourquoi Just Twilight mérite qu’on s’y attarde

Ce diptyque d’ouverture fonctionne comme une longue respiration. Pas de drame tonitruant, pas d’humour forcé, pas de triangle amoureux saturé : juste des émotions sincères, des personnages crédibles, des moments suspendus. C’est le genre de manga qu’on lit le soir, une tasse chaude à la main, en laissant la douceur des dessins et la délicatesse des dialogues faire leur effet.

Les lecteurs qui aiment les romances lycéennes nerveuses ou les intrigues aux multiples rebondissements trouveront peut-être l’ensemble trop calme. Mais ceux qui recherchent un récit sensible, bienveillant et porté par une ambiance incroyablement immersive y trouveront un véritable petit trésor.

Avec ses deux premiers tomes, Just Twilight s’impose comme l’une des plus belles propositions romance du catalogue Sikku cette année. Reste maintenant à voir jusqu’où cette relation, à la fois fragile et vibrante, décidera de nous emmener.