Test – Ghost of Yotei : le souffle du Japon renaît sur PS5
Cinq ans après le triomphe artistique et technique de Ghost of Tsushima, Sucker Punch revient hanter nos écrans avec Ghost of Yotei. Une œuvre qui n’a rien d’une simple suite, mais bien d’une réinvention. Exit l’île de Tsushima, place à Ezo, région sauvage et glaciale inspirée de l’actuelle Hokkaidō. Sur fond de vengeance, d’honneur et de légendes oubliées, ce nouvel épisode nous entraîne dans une fresque où le vent souffle encore, mais cette fois avec une mélancolie nouvelle.
Un fantôme au féminin
Le jeu nous place dans la peau d’Atsu, une jeune femme rongée par la douleur d’un passé brisé. Seule survivante du massacre de son clan, elle a juré de retrouver et d’éliminer les six seigneurs responsables, connus sous le nom des Yotei Six.
Cette approche plus intime du récit change tout. Là où Jin Sakai incarnait le conflit entre devoir et liberté, Atsu représente la colère, la perte et la rédemption. Sa quête n’est pas une guerre contre un envahisseur, mais un voyage intérieur sur fond de neige et de silence.
Le scénario, découpé en arcs ouverts, laisse au joueur la liberté d’affronter les ennemis dans l’ordre qu’il souhaite. Une structure non linéaire qui dynamise la narration et donne à chaque confrontation une portée symbolique différente. Chaque duel devient un chapitre, chaque victoire, une cicatrice de plus.
Un monde ouvert sublimé par la PS5
Dès les premières minutes, Ghost of Yotei impressionne. Les paysages d’Ezo sont somptueux : plaines enneigées, forêts de bouleaux, temples figés dans la glace… La nature impose sa puissance, et la PS5 rend hommage à cette beauté brute.
Le moteur du jeu exploite à merveille la console : 4K native, ray tracing, temps de chargement instantanés et audio 3D enveloppant. Chaque pas dans la neige, chaque souffle du vent, chaque cri d’oiseau compose une symphonie naturelle qui renforce l’immersion.
On sent aussi la volonté de Sucker Punch d’alléger les lourdeurs de Tsushima. Fini la carte saturée d’icônes : les découvertes se font plus organiquement. Un renard surgit, une mélodie attire, une silhouette se devine dans la brume. Le monde d’Yotei n’est pas une checklist, c’est un poème visuel.
Des combats plus nerveux, une technique affûtée
Le système de combat évolue sans renier son héritage. Les postures de Jin Sakai laissent place à un nouveau mécanisme : le Weapon Counter System. Chaque arme du katana au ōdachi en passant par la kusarigama possède ses propres contres et capacités. Résultat : les affrontements sont plus techniques, plus instinctifs, et surtout plus punitifs.
Atsu se bat avec une rage froide, presque animale. Elle peut parer, esquiver, briser une garde, puis enchaîner dans une danse mortelle. Les sensations manette en main sont fantastiques, portées par les gâchettes adaptatives et le retour haptique de la DualSense. On sent le poids des lames, la résistance du métal, la douleur d’une frappe mal placée.
Les duels au sabre, filmés dans un style proche du cinéma de Kurosawa, sont de véritables moments de tension pure. L’un contre l’autre, dans un silence seulement troublé par le vent, jusqu’à ce qu’un coup fatal rompe l’équilibre.
Trois modes visuels pour trois expériences
Sucker Punch ne se contente pas d’un mode photo sublime, il introduit trois modes esthétiques :
- Mode Kurosawa, en noir et blanc granuleux, rendant hommage au cinéma des années 50.
- Mode Miike, plus violent, aux couleurs saturées et aux effets stylisés.
- Mode Watanabe, plus contemplatif, avec des teintes pastel et un vent ralenti.
Chacun change subtilement l’ambiance du jeu. Le même duel, filmé en Kurosawa ou en Watanabe, ne raconte pas la même histoire. C’est un geste artistique rare, qui démontre à quel point Sucker Punch conçoit son œuvre comme un film interactif.
Une bande-son d’une finesse exceptionnelle
La musique, signée Toma Otowa, accompagne chaque instant avec une élégance saisissante. Les percussions résonnent dans les combats, le shamisen pleure dans les moments calmes, et les chœurs discrets rappellent la spiritualité du Japon ancien.
Le sound design est à la hauteur : les bruits du vent, le craquement du bois, le souffle d’Atsu dans le froid… tout respire l’authenticité. Joué au casque, Ghost of Yōtei devient une expérience sensorielle complète.
Un contenu riche mais pas surchargé
Là où Tsushima multipliait les activités, Yotei fait le tri. Les missions secondaires sont moins nombreuses, mais mieux écrites. Certaines racontent des destins bouleversants de paysans perdus, d’autres offrent des moments poétiques : peindre un paysage, écrire un haïku sur la neige, jouer du shamisen pour calmer un esprit.
Quelques quêtes, en revanche, peinent à sortir du lot, la chasse aux artefacts ou les camps de bandits sentent encore le déjà-vu. Rien de dramatique, mais dans un jeu aussi inspiré, on aurait aimé un peu plus d’audace dans ces interludes.
Une héroïne marquante
Atsu est une réussite. Sa détermination glaciale contraste avec les doutes qu’elle dissimule. Doublée à la perfection (en VO comme en VF), elle s’impose comme une figure féminine forte, crédible et nuancée.
Son parcours émotionnel est central. On la voit évoluer, hésiter, tomber, se relever. Elle n’est pas une simple “Jin Sakai au féminin” : elle incarne une autre approche du devoir et de la vengeance, plus intime, plus fragile. Et c’est sans doute là que Ghost of Yōtei touche juste.
Conclusion sur Ghost of Yotei, un futur classique en devenir
Ghost of Yotei ne cherche pas à surpasser Tsushima : il le prolonge, en le rendant plus contemplatif, plus épuré, presque spirituel. C’est une œuvre qui parle de deuil, de pardon et de nature.
On en ressort apaisé, parfois bouleversé, toujours admiratif. Visuellement sublime, techniquement maîtrisé, émotionnellement sincère, Yotei est une nouvelle démonstration de la maturité de Sucker Punch.
Il lui manque encore un soupçon de folie pour devenir un chef-d’œuvre absolu, mais son équilibre entre tradition et modernité en fait déjà un incontournable de la PS5.
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Résumé
Ghost of Yōtei prolonge avec brio l’héritage de Ghost of Tsushima en offrant une aventure plus intime et poétique. Magnifique, inspiré et d’une rare cohérence artistique, il s’impose comme l’un des jeux les plus marquants de cette fin d’année sur PS5.
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Graphisme - 9/10
9/10
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Bande Son - 9/10
9/10
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Jouabilité - 9/10
9/10
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Durée de vie - 9/10
9/10
Globalement
Pour
- Direction artistique d’une beauté renversante
- Héroïne charismatique et récit émouvant
- Combats fluides et tactiles, portés par la DualSense
Contre
- Quelques quêtes secondaires encore trop classiques
- Rythme narratif inégal sur la fin
- Difficulté parfois mal dosée