5 raisons (ou pas) de jouer à Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau

Alors que la suite directe de Tears of the Kingdom se fait encore attendre sur Switch 2, Nintendo propose un détour inattendu par le passé d’Hyrule. Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau emmène le joueur des milliers d’années en arrière, à l’époque mythique de la Guerre du Sceau. Ce nouvel épisode de la saga Musou joue la carte du spin-off narratif, tout en promettant enfin des combats fluides grâce à la puissance de la Switch 2.
Ce n’est pas la première fois que l’univers de Zelda se frotte au genre du beat’em all. L’Ére du Fléau avait déjà tenté l’exercice sur la précédente console, avec une ambition dépassant malheureusement les capacités techniques de la machine. Cette fois, les choses changent. Avec ses quarante personnages jouables, ses pouvoirs inspirés de Tears of the Kingdom et son 60 fps constant, le jeu semble prêt à faire oublier les limites du passé.
Mais derrière ses envolées épiques et son ambition narrative, la formule Musou reste fidèle à elle-même : spectaculaire, mais répétitive. Alors, simple jeu pour fans ou expérience à part entière ? Voici cinq raisons, ou non, de se lancer dans Les Chroniques du Sceau.
Raison 1 (pour) : une direction artistique fidèle, enfin sublimée sur Switch 2
L’esthétique de Tears of the Kingdom était déjà marquante. Ce nouvel épisode en transpose l’essence avec une fidélité presque troublante. Grâce à la puissance de la Switch 2, la direction artistique retrouve tout son éclat, sans les sacrifices techniques du passé. Les textures gagnent en netteté, la palette de couleurs s’affine, les effets de lumière sont plus nuancés. Ce n’est plus seulement un style assumé, mais une vraie mise en valeur du moteur visuel.

Chaque décor de Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau évoque un fragment d’Hyrule ancien, avec des ambiances soignées. Les champs de bataille s’ouvrent sur des panoramas grandioses. Les forteresses affichent un vrai souci architectural. Et même les zones plus dépouillées bénéficient d’un éclairage précis, capable de créer des atmosphères marquantes. La verticalité de certaines cartes ajoute de la lisibilité à l’action, tout en renforçant l’immersion.

Mais ce sont surtout les personnages principaux qui profitent de ce bond technique. Les modèles 3D de Rauru, Sonia ou Ganondorf bénéficient d’un travail de finesse rarement atteint dans un Musou. Les expressions sont lisibles, les postures charismatiques, et chaque animation renforce leur identité visuelle. Cela donne une vraie épaisseur aux combats, mais aussi aux scènes de dialogue.

L’ensemble forme un univers cohérent, beau à regarder, fluide à l’écran, et suffisamment riche pour porter la narration sans lasser visuellement.
Raison 2 (pour) : une narration canon qui enrichit vraiment l’univers Zelda
Les fans de Zelda l’attendaient depuis longtemps : un récit centré sur la fameuse Guerre du Sceau, ce conflit mythique évoqué dans plusieurs jeux sans jamais être raconté. Ce nouveau Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau comble enfin ce vide. Il offre une relecture vivante, incarnée, de ce pan fondateur de la mythologie d’Hyrule. Et le fait de le vivre à travers les yeux d’une Zelda projetée dans le passé ajoute une perspective dramatique nouvelle.

L’histoire prend le temps de poser ses enjeux. La découverte de Rauru, roi fondateur, de la sage Sonia, ou encore de Mineru, donne une autre dimension au monde connu. Le joueur n’observe plus ces personnages à travers des fresques ou des souvenirs fragmentaires. Il les accompagne sur le champ de bataille. Il découvre leurs conflits, leurs doutes, leurs décisions. Cette proximité narrative donne une vraie densité émotionnelle à l’aventure.

La narration s’appuie sur des cinématiques nombreuses, bien rythmées, et intégrées aux moments clés du gameplay. Les dialogues, parfois placés au cœur même de l’action, renforcent l’immersion. Le doublage français, impeccable, réutilise les voix de Tears of the Kingdom, ce qui crée une continuité naturelle et rassurante.

Si la trame ne surprend pas dans sa conclusion, elle séduit par la richesse de ses détails. Les fans y trouveront des réponses concrètes sur les origines de Ganondorf, les Sceaux, ou la formation du royaume. C’est une lecture complémentaire mais essentielle pour qui veut approfondir la saga.
Raison 3 (contre) : un bestiaire au rabais qui mine la variété des combats
Le spectacle est là. Les premières heures impressionnent par la mise en scène et le nombre d’ennemis affichés simultanément. Mais rapidement, une routine s’installe. Le jeu recycle les mêmes types d’adversaires à l’excès. Les Bokoblins, Moblins et autres Like-Likes reviennent sans cesse, avec quelques variations cosmétiques, mais sans vrai renouvellement dans leur comportement.

Ce manque de variété finit par affaiblir le plaisir de jeu. Il ne s’agit pas d’un défaut de direction artistique. Les modèles sont bien réalisés, les animations convaincantes. Mais l’absence de nouveaux défis tactiques donne une sensation de stagnation. Chaque mission de Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau commence à se ressembler. Et le joueur n’a plus à adapter ses stratégies. Il répète les mêmes schémas, parfois mécaniquement.

L’intelligence artificielle des ennemis aggrave cette impression. Les troupes attendent de se faire frapper, sans chercher à esquiver ou à encercler. Même les Capitaines, pourtant censés offrir un minimum de résistance, ne déploient pas de stratégie particulière. Leur seule défense repose sur leur jauge de garde, qui impose une brève phase d’observation avant de relancer la boucle de combos.

Les boss apportent un peu de variété, surtout visuellement. Mais là encore, les mécaniques de combat se répètent, avec des phases attendues et des fenêtres d’attaque prévisibles. Le sentiment de puissance reste intact, mais l’ennui finit par s’installer pour les joueurs en quête de profondeur.
Raison 4 (pour) : un système de combat enrichi par les pouvoirs de Tears of the Kingdom
La formule de base repose toujours sur les enchaînements simples : attaque rapide, attaque lourde, combo final. Mais cette structure est enrichie par une série de mécaniques inédites, héritées de Tears of the Kingdom. Et cette fusion fonctionne étonnamment bien. L’Amalgame permet d’improviser des attaques contextuelles. L’Emprise ouvre de nouvelles stratégies environnementales. Ces capacités donnent du relief aux affrontements.

Chaque personnage dispose de ses propres pouvoirs, inspirés de son histoire ou de sa lignée. Rauru canalise l’énergie brute, Sonia maîtrise la lumière et les ralentissements. Ganondorf, lui, incarne la brutalité à l’état pur. Ces variations ne sont pas seulement esthétiques. Elles transforment la façon de jouer. Certains héros privilégient la zone, d’autres l’esquive ou le contrôle de foule.

Le système de jauge d’attaque ultime, déjà présent dans les précédents Musou, prend ici une nouvelle dimension. Il s’intègre plus naturellement au rythme des affrontements. Le timing devient important. Utiliser une capacité spéciale au bon moment peut renverser une situation ou briser une jauge de garde au moment critique.

Ce renouvellement mécanique ne bouleverse pas la structure Musou, mais il la densifie. Il permet à chaque session de varier, surtout si l’on change régulièrement de personnage. Ce qui encourage à découvrir l’ensemble du casting, plutôt que de se cantonner à un héros favori.
Raison 5 (contre) : une formule Musou toujours aussi répétitive
Malgré ses apports, Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau reste fidèle à son genre. Et c’est à la fois sa force et sa limite. Le jeu propose une boucle de gameplay simple, addictive, mais qui s’essouffle si l’on enchaîne trop les missions. Capturer une zone, défendre un allié, éliminer un boss, regarder une cinématique. Puis recommencer. Ce cycle, bien huilé, finit par lasser.

La mise en scène tente d’apporter du dynamisme, avec des interventions contextuelles, des scripts bien intégrés, des dialogues in situ. Mais cela ne suffit pas à masquer la structure rigide du level design. Chaque carte se traverse de manière prévisible. Les ennemis apparaissent aux mêmes endroits. Les événements se déclenchent selon un schéma répétitif.

Même la montée en puissance du joueur, pourtant bien gérée, ne suffit pas à relancer l’intérêt sur la durée. Les nouvelles capacités sont spectaculaires, mais rarement surprenantes. L’absence de mécanique de risque ou de choix impactant limite la rejouabilité. Il manque une couche de stratégie ou de gestion pour briser cette routine.

Ce n’est pas une trahison. Le jeu assume pleinement ses choix. Il s’adresse avant tout aux fans du genre, qui apprécient cette efficacité simple. Mais ceux qui recherchent une aventure aux multiples ramifications narratives ou aux combats renouvelés à chaque mission risquent de décrocher avant la fin de la campagne.

Test Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau, notre avis 59€
Résumé
Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau réussit son pari. Il propose un épisode Musou techniquement maîtrisé, enfin fluide, richement mis en scène, et connecté directement au récit de Tears of the Kingdom. Le fan de Zelda y trouvera une lettre d’amour pleine de références, de personnages iconiques et de pouvoirs bien intégrés. Mais derrière cette réussite formelle se cache un jeu fidèle à sa nature : répétitif, bruyant, parfois creux. La variété ennemie déçoit. Les mécaniques s’épuisent à mesure que les missions s’enchaînent. L’expérience vise un public précis. Celui qui veut retrouver l’univers de Zelda autrement. Pas celui qui attend une aventure renouvelée à chaque mission. Pour ceux-là, Les Chroniques du Sceau est un excellent complément narratif. Pour les autres, il s’agira d’un défouloir joli, mais rapidement oublié.
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Graphismes - 8/10
8/10
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Jouabilité - 8/10
8/10
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Bande-son - 8/10
8/10
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Durée de vie - 8/10
8/10
Globalement
Pour
- Une direction artistique sublimée par la Switch 2
- Un 60 images par seconde constant
- Une narration canon qui complète parfaitement Tears of the Kingdom
- Des mécaniques inspirées de Tears of the Kingdom bien intégrées
- Des animations de combat puissantes et spectaculaires
- Un casting jouable riche, varié et bien différencié
Contre
- Un bestiaire redondant qui nuit à la variété
- Une intelligence artificielle peu réactive
- Une boucle Musou toujours aussi répétitive
- Des objectifs de mission trop souvent identiques
- Une structure linéaire qui limite la rejouabilité




