5 raisons (ou pas) de jouer à Kingdom Come: Deliverance II

Kingdom Come Deliverance II est un jeu unique dans le paysage vidéoludique actuel. Pas de dragons, pas de magie, pas de monstres. Juste la dure réalité de la Bohême médiévale, reconstituée avec un soin presque maniaque. Ce n’est pas un simple RPG. C’est une reconstitution historique interactive. La suite directe du premier épisode reprend exactement là où il s’était arrêté, mais avec plus de moyens, plus de profondeur et une volonté encore plus affirmée de vous immerger dans un Moyen Âge sans concession. Voici donc 5 raisons (ou pas) de s’y plonger, ou de passer son tour si l’exigence vous rebute.
Raison 1 (Pour) : Kingdom Come Deliverance II délivre une immersion médiévale inégalée dans le jeu vidéo

Plus qu’un décor, la Bohême du XVe siècle est un personnage à part entière. Chaque village, château, route ou forêt a été pensé pour respecter la réalité historique. Le jeu ne se contente pas de reprendre des éléments d’époque : il les incorpore dans un monde crédible, vivant, et logique. Vous n’êtes pas un héros fantasmé, mais un homme du peuple plongé dans des enjeux qui le dépassent.

Les textures, les habits, les objets, les structures : tout est historiquement fondé, documenté. Nous ressenttons la poussière des routes, la promiscuité des bourgs, la dureté des campagnes, et même la hiérarchie invisible entre les paysans et les nobles. La météo, le cycle jour/nuit, la routine des PNJ, les dialogues en vieux dialecte, tout contribue à une immersion sensorielle et mentale rare.

Ce n’est pas seulement une question de réalisme graphique, mais de cohérence d’ensemble. Chaque endroit a une histoire, une fonction sociale, une atmosphère propre. On ne traverse pas une ville médiévale, on y vit. On y voit les habitants aller à la messe, commercer, se quereller, réagir à vos actes. Vous êtes regardé, jugé, intégré ou rejeté en fonction de votre réputation. Cette immersion passe aussi par les sons : cloches d’église, sabots de chevaux, cris des marchands, bruits des forges. Rarement un monde aura autant semblé “habité”.
Raison 2 (Contre) : une difficulté crue et sans concessions, Kingdom Come Deliverance II fait mal…
Le réalisme a un prix, et il est élevé. Kingdom Come Deliverance II ne guide pas. Il exige. Et il ne pardonne pas l’improvisation ou la paresse. Ici, un duel mal préparé peut se solder par une mort rapide. Un rendez-vous manqué peut faire échouer une quête. Arriver sale et affamé à une rencontre diplomatique peut ruiner votre crédibilité. Même se déplacer sans se nourrir ou dormir aura des conséquences tangibles.

L’interface reste rigide malgré des améliorations. L’inventaire est encore peu ergonomique. Les combats, bien que réalistes, peuvent paraître lourds et frustrants. Et l’absence de voice-over de qualité en français pénalise les joueurs non-anglophones (une mise à jour est cependant prévue).

Le système de progression est lent, parfois brutal, car basé uniquement sur la pratique. Nous ne gagnons pas des niveaux mais de l’expérience réelle, souvent au prix de multiples essais et erreurs. Même se déplacer à cheval ou crocheter une serrure nécessite un apprentissage sérieux. Il n’y a pas de carte magique avec objectifs clignotants. Le jeu vous fait prendre des notes mentales, ou consulter les indices comme si vous étiez vraiment là. Ce choix de conception est admirable, mais il rebutera les joueurs qui préfèrent les RPG plus accessibles.
Raison 3 (Pour) : un gameplay ultra-cohérent et profondément évolutif

Ici, tout s’apprend, rien n’est donné. Vous devenez meilleur… en pratiquant. Vous progressez en éloquence en parlant, en combat en les enchainants, en herboristerie en collectant et mélangeant les plantes. L’expérience est organique, fluide, et toujours justifiée par l’univers du jeu.

Chaque interaction avec le monde a un sens. Le système de réputation est central : insulter un noble, voler dans une église, ou marcher couvert de sang aura un effet réel. Laissez un cadavre dans la rue le soir, et vous verrez des gardes enquêter sur ce crime le lendemain. Le jeu intègre aussi de nombreuses nouvelles mécaniques comme l’arbalète, les combats montés, les joutes à cheval, et un artisanat toujours aussi détaillé mais plus fluide.

Tout ce que vous faites, dites, portez, ou négligez a des conséquences. La faim vous affaiblit, la propreté influence vos dialogues amoureux, votre réputation auprès d’un seigneur change selon vos actions. L’alchimie est toujours aussi exigeante : pour préparer une potion, il faut chauffer l’eau, respecter le temps de cuisson, broyer les ingrédients au bon moment… Ce n’est pas un mini-jeu jetable, c’est un métier à part entière. Ce souci du détail donne à l’ensemble une rare cohérence. Rien n’est là “pour faire joli”. Tout l’est pour une raison précise qui conforte le réalisme de cet univers.
Raison 4 (Pour) : Kingdom Come Deliverance II dispose d’un scénario crédible, dense, adulte et remarquablement écrit
Exit les dialogues préfabriqués des RPG fantasy classiques. Ici, les discussions sont souvent crues, parfois triviales, mais toujours justes. Les personnages secondaires ont une vie propre, une cohérence psychologique et des motivations crédibles. Le scénario principal s’ancre dans un contexte géopolitique complexe, inspiré de faits historiques réels, de la capture du roi Wenceslas IV, aux tensions religieuses et entre familles nobles…

Nous sommes face à une fresque adulte, parfois lente, mais riche de thèmes rarement explorés avec autant de sérieux dans un jeu vidéo. Justice religieuse, place des femmes, vie des serfs, déclin de la féodalité : autant de sujets abordés de manière nuancée.

La narration s’articule autour d’Henry, toujours aussi “ordinaire” malgré les événements extraordinaires qu’il traverse. Son évolution est crédible : il n’a pas le charisme d’un héros hollywoodien, mais la volonté d’un homme simple qui doit se battre pour sa place. Les quêtes secondaires ne sont pas là pour meubler : elles prolongent les thèmes du jeu et renforcent la cohérence du monde. Et comme souvent dans la vraie vie, il n’y a pas de bonne réponse, juste des conséquences.
Raison 5 (Contre) : Kingdom Come Deliverance II est un jeu qui demande un vrai investissement de temps et d’attention
Kingdom Come Deliverance II est une œuvre qui se mérite. On ne peut pas y jouer “à la légère” entre deux parties de Call of Duty. Il faut accepter son rythme lent, ses mécaniques parfois arides, son exigence constante. Rien n’est automatisé, simplifié ou accéléré, et cela même si le jeu est plus accessible que son aîné.

De plus, malgré sa solidité technique, le jeu souffre de quelques soucis : animations secondaires rigides, IA parfois confuse, interface encore un peu rustique. Et surtout, il reste difficile d’entrée pour les joueurs novices. Même avec la meilleure volonté du monde, ce n’est pas un jeu pour tout le monde.

Même sauvegarder votre progression demande de la gestion, et l’économie du jeu est rude. Un bon équipement se mérite, il ne sort pas d’un coffre magique. Ce n’est pas un jeu où l’on peut s’évader rapidement. Il faut s’installer, comprendre les codes, ce qui demande patience, méthode et engagement. Un investissement certain, mais ce jeu est assez riche en vous récompensant d’une expérience aussi unique que profonde dans l’univers vidéoludique.

Kingdom Come Deliverance II 39€
Résumé
Kingdom Come: Deliverance II est un jeu ambitieux, audacieux et unique. Il propose une expérience médiévale sans concession, avec une narration immersive, un gameplay rigoureux et un monde historiquement fidèle. Pour ceux qui cherchent une immersion profonde et réaliste, c’est un incontournable. Mais cette richesse a un prix : une accessibilité rugueuse, et un rythme lent qui rebutera les joueurs en quête d’action immédiate. Ce n’est pas un jeu pour tout le monde, mais pour ceux qui s’y plongent, l’expérience est inoubliable.
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Graphismes - 8/10
8/10
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Jouabilité - 7/10
7/10
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Bande-son - 8/10
8/10
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Durée de vie - 9/10
9/10
Globalement
Pour
Une reconstitution historique minutieuse et crédible
Un monde vivant, structuré et cohérent
Des combats réalistes, brutaux et techniques
Une écriture mature et ancrée dans la réalité sociale
Une liberté d’action totale dans les quêtes
Un univers sans filtre, fidèle au Moyen Âge
Contre
Une interface lourde et peu intuitive
Une difficulté qui décourage les joueurs non avertis
Un rythme lent qui ne conviendra pas à tout le monde




