Cryptomonnaie : l’Europe vers la création d’un euro numérique
Depuis la fin de l’année 2019, la Banque Centrale Européenne (BCE) s’est mise à étudier l’opportunité de lancer sa propre monnaie virtuelle. Avec le confinement et l’augmentation du nombre de paiements en ligne, cette décision prend encore plus de sens aujourd’hui. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a expliqué que son institution devait tout d’abord évaluer les enjeux et les risques liés au potentiel lancement d’une cryptomonnaie européenne.
La cryptomonnaie européenne « en retard » face aux géants Chinois et Américains
Si l’Europe s’intéresse autant à ces nouveaux moyens de paiement, c’est aussi parce que ses rivaux économiques sont eux aussi lancés dans une course folle à la monnaie virtuelle. Les États-Unis et la Chine, seraient ainsi beaucoup plus proches de lancer leur monnaie que l’Union Européenne. C’est d’ailleurs le constat de Christine Lagarde, lors d’une conférence à la Banque fédérale Allemande, où elle regrette que l’Europe ait « pris du retard » sur la question de la cryptomonnaie.
Cependant, l’ancienne patronne du Fonds Monétaire International (FMI) explique préférer que l’Europe prenne son temps. Le lancement d’une monnaie virtuelle représente un défi de taille. « L’Eurosystème n’a pas encore pris de décision sur l’introduction d’un euro numérique. Mais, comme de nombreuses autres Banques centrales dans le monde, nous étudions les avantages, les risques et les défis opérationnels d’une telle décision« , explique-t-elle.
L’exemple de Libra : le demi-échec de Facebook
Pour comprendre ces déclarations très prudentes de Christine Lagarde, il faut se tourner vers l’histoire de la dernière cryptomonnaie en date, Libra. Cette monnaie, annoncée par Facebook en 2019, devait créer un moyen de paiement international. Cependant, devant la possibilité de laisser un groupe privé gérer notre argent, les critiques se sont multipliées. Ainsi, de nombreux pays, dont la France, ont évoqué leurs réticences face au lancement d’une cryptomonnaie détenue par un groupe privé. Même le prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, s’était invité au débat. Il avait déclaré que « seul un imbécile ferait confiance à Facebook pour son bien-être financier« .
En bref, Facebook est dans l’obligation de revoir son modèle qui ne plaît pas aux États. Ces derniers craignent de voir le groupe privé obtenir une puissance économique supérieure à des États souverains et démocratiques.
Bien que l’Union Européenne ne soit pas l’équivalent d’une entreprise privée, l’exemple de Facebook nous permet de mettre en exergue tous les défis liés au lancement d’une cryptomonnaie. Et, dans un climat mondial où la rivalité économique est constante, nul doute que la Chine et les États-Unis chercheront à imposer leur modèle de cryptomonnaie en Europe et à l’échelle internationale…