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5 raisons de jouer (ou pas) à Clair Obscur: Expedition 33

Clair Obscur: Expedition 33 n’est pas un RPG comme les autres. Ce premier jeu du studio montpelliérain Sandfall Interactive propose une aventure unique, visuellement marquante et profondément sensible. À la frontière entre fable steampunk et tragédie existentielle, le jeu nous embarque dans une quête où chaque année, à la même date, les vivants âgés de 33 ans sont effacés par une entité mystérieuse : la Peintresse. Avec une direction artistique forte, un système de combat exigeant, et une écriture rare dans le paysage vidéoludique actuel, Expedition 33 impressionne. Et il le fait avec sobriété, justesse et une identité 100 % française. Voici cinq raisons de s’y plonger, ou non.

Raison 1 (Pour) : une direction artistique cohérente, sensible et mémorable

Clair Obscur: Expedition 33 impose dès ses premières secondes une vision artistique profondément originale. Le monde, à la fois élégant et délabré, flotte entre rêve et mémoire. Inspiré par l’Art nouveau, la Belle Époque et une touche de steampunk poétique, le jeu offre une véritable leçon de direction artistique. Chaque bâtiment, chaque objet semble peint à la main, texturé par le temps, rongé par l’oubli.

Le Paris suspendu, théâtre d’une part de l’aventure, évoque une ville fantôme encore habitée par les traces de ses habitants disparus. Les rues, les décors, les intérieurs… tout semble se dissoudre sous nos yeux. Et pourtant, rien n’est aléatoire. Chaque motif végétal, chaque arabesque lumineuse, chaque teinte sépia participe d’un ensemble cohérent.

Le bestiaire est tout aussi travaillé : hybride, inquiétant, fascinant. Certains ennemis sont beaux, d’autres beaux et grotesques. Tous ont leur place dans cet univers visuel cohérent. Même les effets visuels en combat — pigments, éclats de lavis, ombres stylisées — prolongent ce choix artistique.

Ajoutez à cela une technique solide. Le jeu tourne parfaitement sur consoles nouvelle génération et sur PC. Les bugs sont rares, les temps de chargement courts. Ce n’est pas qu’un jeu beau : c’est une œuvre esthétique pensée dans les moindres détails.

Raison 2 (Pour) : une narration maîtrisée, poétique et sans bavardage

Clair Obscur n’impose jamais son récit, il l’insinue. L’histoire se construit par fragments, regards, silences. Et pourtant, elle reste d’une lisibilité remarquable. On comprend les enjeux, on ressent les émotions, sans qu’aucun personnage n’ait besoin d’un long monologue explicatif. Le jeu débute par une perte. Gustave voit disparaître l’amour de sa vie, effacé par la Peintresse.

Cette scène d’introduction, d’une rare sobriété, et offrant pourtant des émotions surpuissante, plante le décor. L’univers, marqué par le Gommage, est celui d’un monde condamné, où chacun vit avec la certitude de disparaître avant l’heure.

Autour de Gustave, les membres de l’expédition sont tous différents, mais profondément humains. Leurs dialogues sont courts, denses, sans clichés. Ils ne cherchent pas à briller, mais à exister. Et cette retenue les rend d’autant plus touchants.

Le joueur n’est jamais noyé sous les informations. Il est traité comme un lecteur intelligent, capable d’interpréter, de ressentir, de compléter. C’est une narration juste, et maîtrisée de bout en bout.

Raison 3 (Pour) : un système de combat exigeant, intelligent et gratifiant

Le système de combat d’Expedition 33 repose sur un tour par tour dynamique et technique. Chaque échange est un duel mental. Esquiver, parer, anticiper : tout repose sur le bon réflexe au bon moment. Même en mode Histoire, le timing est serré. Rater une parade, c’est perdre l’avantage. Et les ennemis n’attendent pas pour en profiter.

La mécanique demande précision et sang-froid. On apprend à lire le rythme de chaque adversaire, à reconnaître les signaux, à anticiper leurs attaques. Le jeu valorise la patience, l’écoute, la concentration. L’erreur coûte cher, mais n’est jamais injuste. Grâce aux sauvegardes fréquentes, on peut apprendre sans trop de frustration.

Les synergies entre membres de l’équipe sont essentielles. Les rôles sont bien définis : soutien, tank, dégâts. Il faut composer, adapter, improviser. Et au fil de l’aventure, on comprend que chaque affrontement est une chorégraphie. Une danse de survie où la victoire repose autant sur l’analyse que sur l’intuition.

Raison 4 (Contre) : une difficulté qui en rebutera plus d’un

Clair Obscur: Expedition 33 est exigeant. Même son mode le plus accessible demande de l’attention. Le jeu ne guide pas à l’extrême, ne pardonne pas les erreurs répétées, et force le joueur à s’adapter. Pour les non-initiés, cela peut être un frein réel. Dès les premiers combats, le joueur doit assimiler les timings, lire les patterns, comprendre les capacités. Les ennemis n’offrent pas de round d’observation. Certains boss punissent lourdement la moindre hésitation. Et même les adversaires secondaires peuvent surprendre.

La difficulté n’est pas là pour frustrer, mais pour engager. Le problème, c’est qu’elle peut paraître abrupte, surtout pour ceux qui viennent chercher un RPG narratif plutôt qu’un défi tactique. Le jeu demande de ralentir, d’observer, d’accepter l’échec comme processus. Cette exigence est sa force, mais aussi sa barrière. Tous les joueurs n’ont pas la patience ou l’envie d’apprendre à esquiver à la frame près. Certains abandonneront dès les premières défaites. D’autres persévèreront… et seront largement récompensés. Le jeu aurait sans doute gagné à proposer un mode très accessible pour les amateurs d’histoire pure.

Raison 5 (Contre) : un rythme posé qui pourrait lasser les plus impatients

Expedition 33 prend son temps. Sa narration se construit lentement. Ses décors s’admirent en silence. Ses musiques se dévoilent en arrière-plan. Ce rythme, posé et contemplatif, fait partie de son identité. Mais il ne conviendra pas à tous. L’absence de mini-jeux, de loot constant, de récompenses immédiates peut perturber les joueurs habitués à un gameplay plus rapide. Ici, pas de quêtes annexes à la chaîne. Pas de contenu secondaire pour remplir. L’aventure est linéaire, resserrée, tendue.

Ce choix renforce la cohérence de l’ensemble. Il donne du poids à chaque rencontre, chaque combat, chaque dialogue. Mais il impose aussi un état d’esprit. Il faut vouloir s’immerger, écouter, regarder, accepter les temps morts. Pour les plus impatients, cela peut vite paraître lent. Trop lent. Ceux qui cherchent une montée en puissance continue ou un enchaînement de scènes spectaculaires risquent de décrocher. Le jeu s’adresse à ceux qui veulent vivre une histoire, pas la consommer. C’est une force. Et un filtre naturel.

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Clair Obscur: Expedition 33 (PS5)
Clair Obscur: Expedition 33 (PS5)
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Résumé

Clair Obscur: Expedition 33 est bien plus qu’un premier jeu prometteur. C’est une démonstration de maîtrise, d’élégance et de cohérence. Le studio Sandfall Interactive prouve qu’un jeu français peut rivaliser avec les plus grands, sans renier ses influences ni sa singularité. Sa direction artistique, aussi marquante que sensible, s’impose comme l’une des plus fortes de ces dernières années. Son récit, tout en retenue, captive sans jamais surjouer. Son gameplay exigeant fait appel à l’intelligence, à l’écoute et à la stratégie. Et surtout, chaque élément — visuel, sonore, narratif ou ludique — sert un propos clair : explorer la beauté dans l’effacement. Oui, le jeu n’est pas pour tout le monde. Sa difficulté, son rythme contemplatif et sa rigueur peuvent décourager. Mais pour ceux qui acceptent ses règles, Expedition 33 est une expérience inoubliable. Un titre qui ne cherche pas à plaire à tous, mais qui touche profondément ceux qu’il atteint. C’est un chef-d’œuvre, un des plus grands RPG de la décennie.

  • Graphismes - 9/10
    9/10
  • Jouabilité - 8/10
    8/10
  • Bande-son - 9/10
    9/10
  • Durée de vie - 8/10
    8/10
Globalement
8.5/10
8.5/10

Pour

  • Direction artistique forte et cohérente
  • Écriture sobre et touchante
  • Système de combat exigeant mais gratifiant
  • Bande-son maîtrisée, jamais envahissante

Contre

  • Difficulté élevée pour les néophytes
  • Rythme lent, parfois trop contemplatif
  • Courbe d’apprentissage abrupte
Photo de Yazid Amer

Yazid Amer

Geek, gamer, esthète et bon vivant, un principe tout se Bench ! Si en plus je m’amuse que demander de plus ?

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