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7. Koğuştaki Mucize : notre critique [SPOILERS]

Si vous êtes un fervent utilisateur de Twitter, vous n’avez pas pu passer à côté de ce phénomène cinématographique. En effet, cela fait quelques temps que l’on parle d’un petit film turc qui a débarqué en France via Netflix et dont le bouche-à-oreille lui a procuré un succès populaire. Hissé au sommet du top des films les plus regardés en France sur la plateforme de SVOD, la très grande majorité du public lui donne des retours dithyrambiques (voyez la note de 4,8 sur 5 accordé par les spectateurs à ce film sur Allociné !). On en parle comme d’un chef-d’oeuvre rempli d’humanité, d’autres en parlent même comme d’un successeur à La Ligne Verte ! Il s’agit du film 7. Koğuştaki Mucize, ou Miracle dans la cellule n°7, traduit en français.

Succès financier total en Turquie et remake d’un film sud-coréen sorti en 2013 (et, par ailleurs, co-produit par les producteurs du film original), 7. Koğuştaki Mucize nous raconte l’histoire de Mehmet, dit Memo, un père handicapé mental menant une vie normale avec sa mère et sa fille Ova qu’il aime plus que tout. Accusé à tort d’avoir tué la fille d’un lieutenant, il est envoyé en prison. Il vit maintenant dans la cellule n°7, peuplée d’autres prisonniers menés par le sombre et digne Askorozlu. La fille de Memo, puis ses camarades de la cellule n°7 vont alors tenter de prouver son innocence…

Affiche du film 7. Koğuştaki Mucize

Un beau film émouvant

Croyez les spectateurs ; en regardant 7. Koğuştaki Mucize, on est en effet touché par la belle histoire humaniste et remplie d’émotions que le film nous offre. Elle est bien servie par une mise en scène très esthétique grâce à une photographie qui nous offre beaucoup de plans soignés (on pense notamment aux sublimes plans larges). On prend plaisir à suivre l’histoire certes basique, mais remplis de personnages attachants. On pourra reprocher leur côté quelque peu stéréotypé, mais heureusement, cela est contrebalancé par le charisme que leurs interprètes leur donnent. Justement, pour parler des interprétations, certaines sont à saluer telles que celle de Aras Bulut İynemli, alias Memo. Il nous livre une magnifique performance. Très émouvant, il nous fait sincèrement croire à son personnage d’homme vulnérable qui vient souffler un vent d’innocence dans le milieu dur de la prison. İlker Aksum, interprète d’Askorozlu, n’est également pas en reste en dévoilant un beau personnage charismatique de meneur. Nous pouvons également parler des interprètes des personnages de Hafiz ou de la grand-mère qui sont tout aussi bons. La musique, inspiré de la musique traditionnelle turque, est également très belle et très sensible.

Un excès de pathos regrettable

Néanmoins, le film souffre d’un gros défaut : un excès de pathos. En effet, pour appuyer le drame et la tristesse de certains passages, le film n’hésite pas à les sur-esthétiser par l’utilisation de plusieurs effets. Ralentis approximatifs, échos des voix des personnages, le tout accompagné d’une musique tout aussi triste… On a vraiment l’impression par moments que certaines scènes sont tristes juste pour être tristes et pour manipuler les émotions des spectateurs. Un bon exemple de cela est la sous-intrigue concernant la famille du personnage de Askorozlu. Elle a au moins le mérite de nous apprendre le passé du personnage et même de nous faire nous attacher encore plus à lui. On pense également à la scène de la découverte du corps de la jeune fille, au début de film… Le surjeu de certains acteurs participe également à cet excès de bons sentiments par ailleurs. Quelques jeux d’acteurs sont d’ailleurs quelque peu imparfaits comme celui de la petite Nisa Sofiya Aksongur, alias Ova. Quelques longueurs sont également à regretter et on aurait également aimé plus de développement concernant le personnage du lieutenant.

[SPOILER] La fin du film

Image du film 7. Koğuştaki Mucize

7. Koğuştaki Mucize se conclut sur une happy end où Memo retrouve Ova grâce à un ultime sacrifice de la part de Yusuf, camarade de la cellule n°7. Cette fin est très belle et réconfortante, elle l’est peut-être même un peu trop… Elle apporte une légère déception car elle clôt confortablement un film qui au final n’a abouti à aucune réelle réflexion. En effet, le film nous offre une jolie histoire humaniste. Mais cela n’aurait été-t-il pas encore mieux s’il nous proposait une dénonciation de l’injustice, en général ? Quitte à vouloir sauver Memo, le film aurait été encore mieux si la vérité sur la cause de la mort de la petite fille avait été établie une bonne fois pour toutes, surtout auprès du lieutenant.

[FIN DU SPOILER]

Image du film 7_Kogustaki_Mucize

En conclusion

7. Koğuştaki Mucize, s’il n’est pas pour autant le chef-d’oeuvre que beaucoup acclame, reste un bon film de divertissement rempli d’émotions. La photographie est très soignée et certains acteurs nous livrent de très belles performances. Il est dommage néanmoins que ce film tire trop sur la corde sensible en faisant parfois trop dans le pathos dans son montage ou son utilisation de la musique. On pourra regretter également une absence de réelle réflexion au profit de l’humanisme du film. Sans ces quelques défauts, on aurait vraiment pu avoir un grand film. Mais il reste très plaisant et en ces durs temps de confinement. C’est clairement un film qui vous réchauffera le cœur !

Photo de Mattéo S.

Mattéo S.

Universitaire à Rennes (mais plus maintenant, foutu virus), j'aime bien le cinéma. Oh oui, j'aime bien.

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