John Wick : Parabellum – Notre Critique
Vengeur de toutou à ses heures perdues, John Wick nous revient dans un troisième opus nommé : Parabellum. Critique sans spoilers.
The Man, the Myth, the Legend
Vingt minutes : c’est le temps approximatif qu’il faut à ce bon vieux John pour abattre la moitié de la population new-yorkaise, dans l’introduction de ce « John Wick : Parabellum ». Et, avouons-le, ce n’est pas pour nous déplaire, car, comme à l’accoutumée, John tape ou tire sur tout ce qui bouge. Et ce, avec une brutalité d’une élégance rare. En effet, Chad Stahelski utilise ses connaissances érudites d’ancien cascadeur pour proposer ici des séquences d’action virtuoses. De la précision inégalable des chorégraphies, lorgnant du côté de « The Raid », en passant par la diversité affolante des situations, rappelant le cinéma de Buster Keaton (il est d’ailleurs explicitement cité) : tout est fait pour que le spectateur prenne son pied devant ce déluge de violence exacerbée.
Toutefois, cette dernière est encore une fois parfaitement gérée, car le film use d’un second degré constant et joue avec l’absurdité des événements, afin de ne pas tomber dans de la violence purement gratuite. Le long-métrage de Stahelski préfère ainsi rire régulièrement de toutes ces mises à mort plus saugrenues les unes que les autres. Une démarche qui fonctionne parfaitement, car le spectateur ne peut que faire de même.
The Impossible Dream
En plus d’être un cascadeur hors-pair, Chad Stahelski est aussi un metteur en scène méticuleux. En effet, « Parabellum » est une déclaration d’amour au septième art et un retour à ce qui fait sa force. Le cinéaste l’a bien compris et s’inspire clairement de ses grands modèles cités précédemment, afin de livrer une copie calculée au millimètre près et à la fluidité imparable. Sa caméra se fait donc à la fois très discrète, mais réfléchie, pour laisser la place aux chorégraphies prodigieuses. C’est finalement lorsqu’il appuie trop ses effets de style que le réalisateur déçoit, notamment lors d’une séquence en moto illisible et plutôt laide.
Le véritable travail de Stahelski se retrouve surtout au niveau de la gestion des décors. Déjà judicieusement exploités dans les deux premiers « John Wick », leur rôle est encore plus accentué dans ce troisième volet, car chaque scène s’amusera à utiliser au maximum ces derniers. Les vingt premières minutes de l’oeuvre en sont le parfait exemple, tant leur capacité à se servir de tout ce qui entoure les personnages est stupéfiante.
Lesdits décors sont aussi sublimés par la photographie grandiose de Dan Laustsen (« La Forme de l’Eau », « Crimson Peak »), lorgnant souvent du côté de « Blade Runner ». A ce niveau, le final est un pur délice, fusionnant à merveille scénographie maline et gestion divine des éclairages. Sa justesse est aussi renforcée par la justesse des compositions, toujours orchestrées par le duo Joel J. Richard/Tyler Bates et toujours aussi soignées.
Mr & Mrs Wick
Jusque-là, on peut donc se dire que ce « John Wick : Parabellum » est une réussite totale, à la hauteur de ses prédécesseurs. Hélas, Stahelski a beau avoir redoublé d’efforts sur sa réalisation, sa rigueur ne se retrouve pas au niveau du scénario écrit par Derek Kolstad, déjà auteur des deux premiers. Là où « John Wick 1&2 » proposait des intrigues aussi simples que réussies, « Parabellum » se perd dans une aventure inutilement compliquée.
En effet, le long-métrage enchaîne les péripéties, multiplie les twists malvenus et perd en enjeux, ce qu’il gagne en complexité. Le pire reste ce retournement de situation final, faisant machine arrière sur tout ce qui a été fait précédemment. De la même manière, bon nombre de personnages sont trop vite expédiés ou relégués au second plan. Par exemple, le personnage de Halle Berry a une véritable complicité avec Keanu Reeves et une profondeur qui ne demande qu’à être dévoilée, mais est finalement trop peu présente à l’écran.
Au fait, la plupart des problèmes scénaristiques du long-métrage viennent de son lien avec le futur épisode. En effet, Lionsgate a récemment annoncé qu’un quatrième et (probablement) dernier opus était en chantier. Hélas, « Parabellum » semble avoir pour objectif principal de faire transition avec son prochain, tant il s’évertue à mettre en place des éléments, protagonistes ou intrigues qui ne seront exploitées que prochainement. Alors que les deux premiers « John Wick » se suffisaient à eux-mêmes, on est ici en face d’un épisode de transition, à l’image de sa fin : anecdotique.
Le cercle des criminels disparus
Heureusement, l’univers délicieusement « over-the-top » est de retour. « Parabellum » n’hésite pas à l’exhiber fièrement, et ce, au détriment de l’intrigue (comme évoqué antérieurement). Déserts, rues new-yorkaises, Casablanca : tout est ici prétexte pour explorer tous les recoins de ce monde, où la moitié de la population est criminelle. Un élément dont le film n’hésite d’ailleurs pas à se moquer. Malgré ses défauts, l’écriture de Kolstad fait quand même preuve d’un second degré extrêmement plaisant. Une auto-dérision que l’on retrouve chez certains dialogues ou personnages. Ainsi, l’oeuvre de Stahelski aime jouer avec ses propres codes, pour surprendre encore mieux le spectateur.
Pour finir, le casting de ce « Parabellum » s’avère purement et simplement réussi. Keanu Reeves en impose toujours autant et les seconds couteaux tels que Laurence Fishburne ou Ian McShane semblent toujours prendre leur pied. Mention spéciale à Mark Dacascos, interprétant un méchant charismatique et étonnant.
Conclusion
« John Wick : Parabellum » est un film paradoxal, à la fois spectaculaire, mais vain. Lorsqu’il lâche la bride à son scénario inutilement compliqué, il devient un pur actionner orgasmique et jouissif, où chaque séquence est un ballet délicieusement calculé, qui ramène à l’essence même du cinéma. Hélas, l’écriture alambiquée et son aspect transitoire avec le prochain volet finissent par rendre le film, certes plaisant, mais purement anecdotique.
John Wick : Parabellum
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Réalisation - 80%
80%
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Bande-Originale - 70%
70%
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Scénario - 60%
60%
-
Casting - 75%
75%
Pour
- La mise en scène, d’une fluidité redoutable
- Les chorégraphies, véritables danses d’une précision viscérale
- La photographie, d’une élégance envoûtante
- L’univers toujours aussi atypique et délicieusement extravagant
- La bande-originale toujours aussi classieuse
- La gestion maline des envirronements
- Une auto-dérision constante
- Keanu Reeves en impose toujours autant
Contre
- Une intrigue inutilement alambiquée
- Certains protagonistes trop sous-exploités
- Un film « de transition » vers le quatrième