Test – Absolum sur Nintendo Switch : Quand le beat’em up rencontre la magie et le roguelite

Dans l’univers des beat’em up, il existe une frontière ténue entre l’hommage aux classiques et l’ambition d’apporter quelque chose de véritablement nouveau. Absolum, développé par Guard Crush Games et soutenu artistiquement par Supamonks, se positionne précisément à cet endroit : un jeu qui puise dans le passé, assume pleinement sa filiation avec Streets of Rage, mais qui cherche surtout à réinventer la formule grâce à une structure roguelite, un système de combat plus technique qu’il n’y paraît et une identité visuelle immédiatement reconnaissable.
Sur Nintendo Switch, Absolum trouve un terreau particulièrement fertile. La console hybride, capable d’alterner entre sessions rapides et longues soirées de jeu, convient parfaitement à son rythme fait de runs, d’améliorations progressives et de prise en main immédiate. Dans un marché où les jeux d’action en 2D affluent chaque mois, Absolum parvient à imposer son univers et ses mécaniques avec une élégance rare.


Un univers mystique, dense et singulier
Absolum nous transporte dans un monde autrefois nourri par l’harmonie magique des Sœurs-Racines, aujourd’hui brisé par une catastrophe arcanique qui a permis l’ascension d’un tyran : le Roi Azra. L’univers, entre fantasy ensoleillée et dramaturgie lumineuse, ne ressemble à rien d’autre. La direction artistique apporte une fraîcheur visuelle indéniable, grâce à un mélange de couleurs éclatantes, d’encrages épais et de choix esthétiques qui évoquent parfois l’animation européenne moderne.
Sur Switch, cette identité graphique fonctionne à merveille. Même en portable, les décors restent lisibles, les animations fluides, l’ensemble cohérent. Le jeu ne mise pas sur une accumulation d’effets ou de détails, mais sur une véritable intention artistique. Cela permet d’éviter les concessions visuelles que l’on observe parfois sur Switch dans les portages plus ambitieux. Absolum, lui, respire naturellement sur la console, comme s’il avait été pensé pour elle.
La narration, en revanche, ne se montre jamais intrusive. Elle se révèle par fragments : dialogues brefs, séquences animées, symboles disséminés. Une approche qui fonctionne tant que l’on accepte la dimension cryptique de l’ensemble. Ce n’est pas un récit linéaire ou explicatif : c’est un lore qu’on absorbe par touches, comme une ambiance plus que comme une histoire structurée.



Un beat’em up technique, nerveux, mais accessible
La force première d’Absolum réside dans son gameplay. Sous ses airs de beat’em up traditionnel, il cache une profondeur certaine. Les coups légers et lourds sont complétés par un système d’esquive intelligent : une roulade latérale pour éviter un coup, une esquive frontale pour contrer et enchaîner immédiatement. Cette mécanique donne au jeu un tempo particulier, presque dansant, où chaque mouvement compte et où le joueur doit constamment lire l’animation adverse.
Chaque impact est satisfaisant, chaque parade nette, chaque esquive réussie procure ce petit frisson typique des jeux bien calibrés. Sur Nintendo Switch, le tout répond avec précision, que ce soit en Joy-Con ou avec une manette Pro. Même en mode portable, où certains jeux d’action perdent un peu en confort, Absolum reste parfaitement jouable et agréable, ce qui témoigne du soin apporté à son optimisation.
La variété des ennemis nourrit ce plaisir : chacun possède des patterns clairs, mais suffisamment dangereux pour maintenir une tension constante. Les boss, eux, jouent davantage avec l’espace, les zones de danger et les tempos irréguliers. Rien d’insurmontable, mais suffisamment engageant pour pousser le joueur à s’investir dans la maîtrise du gameplay.


Quatre héros, quatre styles, quatre expériences de jeu
L’autre élément qui fait toute la richesse d’Absolum, c’est évidemment son roster de personnages. Ce ne sont pas de simples variations statistiques, mais de véritables identités gameplay :
- Galandra, l’épéiste agile, parfaite pour les joueurs qui aiment les combos rapides ;
- Karl, massif et explosif, idéal pour ceux qui privilégient l’impact brut ;
- Cider, le cyborg alchimiste, beaucoup plus technique, basé sur les réactions élémentaires ;
- Brome, le mage-grenouille, aussi étrange qu’efficace, avec un style de jeu atypique.
Sur Switch, pouvoir passer d’un style à l’autre selon l’envie du moment renforce la rejouabilité naturelle du jeu. Une session courte dans le métro devient l’occasion d’essayer une nouvelle combinaison de sorts ou de compétences ; une soirée plus calme permet de tenter un run complet avec un personnage encore peu maîtrisé. Ce rapport organique entre le format Switch et la structure du jeu fait partie de ses plus beaux atouts.


Le roguelite comme moteur d’envie
Les trois biomes d’Absolum, chacun assorti de ses embranchements, de ses événements aléatoires et de ses récompenses, forment une boucle roguelite solide et entraînante. Chaque run permet d’expérimenter une direction différente : la foudre pour un jeu explosif, l’eau pour des contrôles de foule, le vent pour une mobilité extrême… Les possibilités de builds sont nombreuses et influencent véritablement la manière d’aborder un combat.
La progression permanente entre les runs donne un sentiment constant d’amélioration, sans jamais transformer le jeu en titre punitif. On meurt, on apprend, on débloque, on repart. Un rythme parfaitement adapté aux sessions nomades de la Switch.
L’aléatoire peut parfois jouer contre le joueur, c’est vrai. Certains runs sont moins inspirés, certains choix moins enthousiasmants. Mais globalement, Absolum reste suffisamment généreux pour maintenir un plaisir constant.


Une lisibilité perfectible, mais jamais rédhibitoire
S’il fallait pointer un vrai défaut, ce serait la lisibilité de certaines séquences. Lorsque l’écran se remplit d’ennemis, de sorts élémentaires et d’effets visuels, il arrive qu’on perde un instant le fil de l’action. Ce phénomène est plus présent en mode portable, où l’écran plus petit réduit l’espace disponible pour déchiffrer les mouvements.
En mode docké, le problème s’atténue fortement. On reste donc face à un défaut ponctuel, mais qu’il faut connaître avant de se lancer.


Coopération : la Switch comme terrain de jeu idéal
Absolum prend toute son ampleur en coop, que ce soit en local ou en ligne. Le côté spontané de la Switch deux consoles côte à côte, un run improvisé colle parfaitement à l’esprit du jeu. L’expérience devient plus chaotique, plus vivante, et même plus drôle. Le roguelite prend alors une autre dimension, tournée vers le partage.

Un mot sur la bande-son : un casting cinq étoiles
La musique est un des grands plaisirs d’Absolum. Les compositeurs réunis pour ce projet Gareth Coker, Mick Gordon, Yuka Kitamura, Motoi Sakuraba suffisent à poser une ambiance. Le résultat est puissant, soigné, cohérent, et accompagne chaque action avec une justesse remarquable.
Avec un casque sur Switch, l’expérience devient encore plus immersive.

Conclusion : Absolum est chez lui sur Nintendo Switch
Absolum n’est pas seulement un excellent beat’em up : c’est un jeu maîtrisé, élégant, généreux, qui colle parfaitement à la philosophie de la Switch.
Il n’est pas exempt de défauts, narration éparse, lisibilité parfois débordée, runs inégaux, mais il propose une expérience riche, nerveuse, artistique, qui marquera durablement les amateurs du genre.
Un jeu profondément agréable, qu’on relance avec plaisir, et qui trouve sur Nintendo Switch un écrin idéal.
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Résumé
Absolum sur Nintendo Switch est un beat’em up roguelite élégant, nerveux et sublimé par une direction artistique marquante. Entre ses combats techniques, ses quatre personnages uniques, sa rejouabilité solide et son univers mystique, le jeu trouve tout naturellement sa place sur la console hybride. Malgré une lisibilité parfois perfectible et une narration un peu floue, il s’impose comme l’une des meilleures surprises du genre en 2025.
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Graphisme - 9/10
9/10
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Bande son - 9/10
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Jouabilité - 9/10
9/10
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Durée de vie - 8/10
8/10
Globalement
Pour
- Direction artistique somptueuse et unique
- Gameplay nerveux, technique et très satisfaisant
- Quatre personnages vraiment différents
- Rejouabilité excellente grâce au roguelite
- Parfaitement adapté au format nomade de la Switch Coop locale et online très réussie
Contre
- Lisibilité parfois difficile en mode portable
- Narration éparse, pas toujours claire
- Quelques runs inégaux selon l’aléatoire



