Test – Last day of June : Un serious game de qualité
Last Day of June (LDOJ) est un titre du studio Ovosonico, édité par 505 Games durant l’été 2017. Ce titre est disponible sur Windows, Switch et PS4. C’est sur PS4 que le jeu a été testé, mais les autres supports ont le même scénario. Car la grande force de ce titre est bien le scénario qui pose plein de questions au joueur. Alors est-ce un titre fleur bleue pour autant ? Non et on développera pourquoi plus tard.
Behind the Scene of Last Day of June
L’équipe derrière Last Day of June se cache Massimo Guarini (Murasaki Baby, Shadows of the Damned) et Steven Wilson (musicien de renom) et le scénariste/directeur et animateur Jess Cope (animateur sur “Frankenweenie” et directeur du clip de Metallica “Here Comes Revenge”. Alors avec une telle brochette de talents, obtient-on une alchimie ? Sans aucun doute possible, oui.
Un walking simulator ?
Alors le jeu est assez linéaire dans son principe avec un choix unique dans la plupart des cas. C’est donc avec un simulateur de marche que l’on peut comparer ce jeu au premier abord. Mais ce n’est pas rendre justice aux développeurs du studio Ovosonico qui ont réalisé un tour de force avec ce petit jeu. Car, s’il ne propose pas beaucoup d’actions, il va jouer sur un autre registre, celui des sentiments. Ainsi ce sont les ressentis et les sensations qui seront mis en exergue dans cette histoire, qui n’est qu’une fiction comme cela est rappelé au début.
Le pitch
LDOJ joue sur les expériences des personnages dont on va revivre des tranches de vie. Tout est centré sur un jeune couple amoureux (Carl et June). Au début, ils vivent et coulent des jours heureux, mais le bonheur se veut fugace. Ainsi, on va être rapidement mis en immersion dans l’ambiance qui tourne au drame avec un accident. C’est alors que tout s’enclenche avec un réveil brutal du héros en fauteuil roulant. Et il va essayer de se remémorer et comprendre l’accident chasser ses démons, résoudre des énigmes et éviter l’inévitable.
Incarnation d’un jeune garçon
Or l’immersion va être encore plus intense et globale, car l’on va (re)vivre ou rêver cette dernière journée par les différents protagonistes. Et le jeune garçon montre des problèmes que l’on rencontre à cet âge-là avec le simple fait d’avoir quelqu’un avec qui jouer. Ou encore se faire plaisir en faisant voler un cerf-volant. Bref, des joies simples pour un âge d’enfant. Mais les actes de ce garçon ne sont pas sans conséquences. Mais n’est-ce pas plutôt un concours de circonstances. Il va falloir trouver le moyen de changer la finalité de cette journée en évitant un drame.
La féminité en action
Puis ayant changé le cours des événements, il va falloir endosser le rôle de la jeune voisine du couple. Ce ne sera pas plus complexe dans ses choix. Mais le déroulé de sa vie est un peu plus mis en abîme. Ainsi, on va découvrir des vérités inavouées. Elle va partir pour une raison que je ne dévoilerai pas. Mais toutes ses actions tendent à aussi modifier l’avenir. Alors, la grande force est que l’on a une vision plus adulte du déroulement de cette journée. Et surtout un autre point de vue, toujours avec des conséquences.
Ce matin, un chasseur, puis un vieil homme
C’est alors au tour du voisin le chasseur. Or il apparaît prétentieux et dangereux. Dès le début, il est antipathique et pourtant en creusant et en vivant sa vie. Et bien, il apparaît sous un angle différent et se révèlera même sympathique et humain.
Le vieil homme, quant à lui est un peu à part. Car après avoir vécu différents stades de la vie (jeune, homme, femme), on se retrouve au seuil de la vie. Et c’est avec ce vieillard qu’une révélation se fera. Et même si la malédiction se répète, il faudra contrecarrer cela. Et bien sûr, cela aura un prix.
Profondeur de la forme
Pour aller plus loin, ce jeu est très profond, on peut y avoir chacun son interprétation personnelle. Car si le jeu est très dirigiste, le ressenti en est très intime. Et comme avec un bon livre, c’est l’imagination qui nous donne certains détails, que d’autres vivront autrement. Ainsi, un personnage aux cheveux bruns et aux yeux bleus aura une apparence visualisée différente pour chaque lecteur.
Ici c’est un peu différent, mais on en revient avec une expérience narrative unique pour chaque joueur. Or nous avons nos expériences et nos ressentis par rapport à chaque protagoniste du jeu est unique. Enfin, l’ambiance y est pour beaucoup dans l’expérience du jeu.
Le point Final
Vers la fin, cela monte crescendo au niveau de la pression, ainsi que le côté angoissant et anxiogène atteignant des sommets. Le jeu étant sérieux dans son propos, est-il à destination des enfants ? Clairement, non, il est même utile d’y jouer avec un casque et sans que vos enfants regardent. Car ce jeu se passe de mots et tout se comprend d’instinct. Or, si le propos parait anodin, il questionne sur pas mal de questions, dont une fondamentale.
C’est sur l’assurance que l’on meurt du moment que l’on vit. Et c’est peut-être de la philosophie, mais l’on se pose réellement de nouvelles questions après avoir joué une session de LDOJ.
- Qu’est-ce que l’on est prêt à faire pour sauver ceux que l’on aime ?
- Qu’est-ce que l’on loupe pour les sauver ?
- Qu’aurait-il fallu pour éviter cette fin ?
Et cela même si le jeu est minimaliste et laisse une très petite marge de manœuvre lors de chaque incarnation. Ce jeu pose des questionnements sur notre propre vie et c’est une de ses grandes réussites. Car si l’on s’occupe plus de ceux que l’on aime, on évitera peut-être le pire. Mais surtout on aura fait de son mieux et on ne regrettera rien.
Le jour de la marmotte
Dans Last Day of June, il y a un peu de l’histoire du film « Un jour sans fin ». Car son personnage principal, incarné par Bill Murray, revit sa journée de reportage à chacun de ses réveils. Et il doit trouver un moyen de se sortir de ce cycle infernal et infini.
Dans le film, la rédemption du héros se voit dans son changement d’attitude par rapport aux gens et à la vie. De négatif, il ira dans le positif dans toutes ses actions. Et si le thème est un peu binaire, il est antipathique et aigri au début. Ne supportant plus son travail, ses collègues, ni les femmes, en un mot, sa vie l’ennuie. Et c’est en revivant, par le fait de ne plus être égoïste.
En partageant, sauvant, aidant et pour finir en aimant, que le chemin de croix s’arrêtera. C’est un résumé très personnel et il y a plein d’autres choses dans ce film avec de l’humour décalé en ce jour de la marmotte. Mais le contexte est là, avec l’amour en toile de fond. Dans le cas de LDOJ, c’est le processus inverse, les personnages nagent dans le bonheur et l’accident est ici pour tout remettre en cause. Alors la vie de notre héros est gâchée, que ce soit par le handicap, comme par la perte. Mais lui est en vie et il fera tout son possible pour sauver sa dulcinée.
Replay
Un autre médium apporte une vision proche de ce jeu, c’est « Replay » de Ken Grimwood. Le héros va vivre plusieurs vies complètes, il n’est pas bloqué sur une journée, mais des années. Il est, soit très fidèle, amoureux et prudent. Soit il brûlera ses ailes en étant volage, infidèle, en consommant des drogues et en abusant de sa nouvelle vie. Le problème étant qu’il revient à la vie chaque fois et qu’il voudrait y mettre un terme. Car, pour le coup, à la fin de ce livre, à contrario de LDOJ, on voit plusieurs facettes d’un seul et même personnage qui vit malgré lui mille vies. Alors qu’il n’a plus envie de vivre.
Dans LDOJ, c’est un peu l’inverse, on ne s’intéresse pas seulement à la vie de notre héros et de sa compagne. Car il s’implique littéralement dans l’intimité des quatre autres personnages dont on vit la vie de l’intérieur. C’est une mise en abîme beaucoup plus prégnant que de voir et ressentir les sentiments d’autrui. Surtout quand on connaît les conséquences sur le couple d’amoureux. Et encore plus, lorsque l’on joue au ballon avec ce Monsieur. Et que l’on est un macho qui cache sa sensibilité aux autres. Bref, un jeu buccolique qui n’en a que l’apparence, car derrière toute cette beauté, de la nature et de la vie, se cache la dure réalité de la mort.
Des répétitions, des gazouillements et de la musique
Certains clichés reviennent souvent dans ce jeu avec différentes scènes (images, sons, …) comme ce clocher omniprésent qui représente une nouvelle session dans LDOJ. Mais il y a aussi les multiples points de vue des personnages comme de la caméra, montrant tout le travail derrière ce jeu. La musique aussi est omniprésente avec des moments de plénitudes comme de désespoirs. Et les paroles, il n’y en a aucune, mais ce sont des gazouillements qui font que l’on peut interpréter les échanges comme l’on veut. Seules les intonations permettent de comprendre de façon universel les échanges. Ce jeu est une succession de tranches de vie. Il peut se regarder comme un film. Très proches des films japonais assez contemplatifs.
Une expérience hors du commun
LDOJ est un jeu à part, c’est une expérience à vivre. Alors, il ne plaira pas à tout le monde. Ainsi, il peut être rebutant par moment, quand on ne fait que revivre plusieurs fois les mêmes accidents et que l’on n’avance pas. Mais quel plaisir quand on progresse et que l’on évite justement le drame. Même si souvent la fatalité reprend ses droits et que le piège se referme une fois de plus. Ayant pour résultat la chaise vide de June près de notre héros, symbolisant l’absence. Ce n’est que mon avis personnel, c’est un petit chef d’œuvre du monde vidéoludique.
Le mot de la fin
Si l’on peut conclure une bonne fois pour toute ce test, je résumerai ainsi ce jeu. On n’a qu’une vie alors autant en profiter surtout avec les autres dans ces petits moments de bonheur, comme quand on joue à Last Day of June.
Conclusion
Le jeu est très beau avec une atmosphère palpable, le scénario ciselé et les musiques sont belles. L’ergonomie et le gameplay sont très bons. Le seul « hic » est la rejouabilité, car le thème est dur, donc une fois l’expérience faite, veut-on la revivre encore une fois ? Mais rien que pour le vivre une fois et réfléchir après à cette partie, cela vaut largement le prix de Last Day of June.
Last Day of June [Code Jeu PC - Steam]
Avis de Last Day of June
-
Scénario - 90%
90%
-
Graphisme - 90%
90%
-
Sons - 80%
80%
-
(Re)jouabilité - 60%
60%
-
Ergonomie - 80%
80%
Pour
- Graphisme
- Bande son
- Prix
- Scénario
Contre
- Durée de vie