Test – Hidden Agenda (PS4) : Une série noire à jouer plutôt en solo
Hidden Agenda est présenté comme le titre phare de la collection PlayLink de Sony pour sa console PS4. Et le PlayLink se résume d’une façon très simple, il suffit de lancer un jeu PlayLink sur sa console. En parallèle, il faut avoir téléchargé l’application mobile du jeu, dans notre cas Hidden Agenda (HA) et la lancer sur son smartphone. Il y aura reconnaissance du smartphone et de la console pour le jeu. Et c’est parti, let’s go.
Les fonctionnalités cachées d’Hidden Agenda révélées !
Alors si la reconnaissance de votre smartphone est rapide et simple, les fonctionnalités le seront-elles aussi ? Donc, il y a trois façons d’interagir dans l’histoire :
- Prendre une décision entre deux choix proposés (avec des conséquences à la clé)
- Réagir à des QTE (Quick Time Event) lors de scènes d’action pour une immersion plus forte du joueur (voir plus bas)
- Jouer au petit détective en recherchant des preuves dans un temps imparti (sorte de jeu d’énigmes restreint).
Un petit air de déjà vu
Dans ce jeu, on retrouve un je ne sais quoi de différents jeux FMV (pour Full Motion Video) que les plus vieux ont connus dans les années 1990, lors de la grande époque des 3D0 et autres Saturn. Pour des références plus récentes, c’est « Her Story » ou « The Bunker » qui viennent à l’esprit. Mais de façon beaucoup plus proche, c’est « Late Shift » par Wales Interactive qui est un film tourné en Full Motion et ne propose que des choix dans des timings serrés pour augmenter l’intensité. Enfin, il propose sept fins différentes et la possibilité de perdre, bien sûr.
Ici, les gens de SuperMassive Games ont repris un peu de Late Shift et de ses ancêtres. Mais aussi, un peu de Telltale Games avec les QTE n’apparaissant que dans quelques scènes dites d’actions et encore des choix.
Enfin, un côté qui me fait penser à « Azkend 2 » et ses petits puzzles en interlude ou à des jeux d’énigmes, mais ici, il n’y a que trois indices à trouver systématiquement. Et comme c’est sur un chrono, cela tient beaucoup de la chance.
Size matters
La taille, ça compte, comme disait Ratchet. Car si après ces révélations sur le gameplay minimaliste du jeu, il est légitime de se dire qu’il ne vaut peut-être pas le coup. Et bien, c’est dans la taille du jeu que cela se remarque. Avec un petit 40 Go de stockage rempli, le jeu se veut résolument gourmand. Alors est-ce utile ? Oui, car c’est un jeu d’aventure narratif tirant vers le réalisme. Et on pourrait se croire dans une série comme New York Police Criminelle. A part que là, on est acteur et des deux côtés de la barre. Car, on va suivre une détective et une avocate dans cette affaire et de l’intérieur, s’il vous plait.
De l’art de la mise en scène (State of the Art) en Noir
Ce jeu est très noir, même glauque, car les méfaits commis par le serial killer sont sales. Et c’est même le fil conducteur de ce serious game, mettant le joueur en abîme devant ses choix. Alors, on se remémore « The Walking Dead » et ses choix qui n’en sont pas vraiment. Car dans The Walking Dead, les embranchements scénaristiques reviennent souvent au même point final. Alors qu’en est-il de Hidden Agenda ? Avec une surprise à la clé, les ressorts du scénario peuvent être ressenti de diverses façons. Tout d’abord, une histoire de serial killer cousu de fil blanc, avec des mises en scène spectaculaire pour marquer un peu les esprits. Or ce n’est pas si simple, dans HA, tout n’est pas aussi binaire qu’il y parait.
Des arcs scénaristiques avec retournement de situation
Ainsi tout n’est pas noir ou blanc, mais plutôt dans un nuancier de gris clairs qui vont dériver vers le gris foncé. Et le tout est doublé d’une sombre appétence pour marquer encore une fois de plus. Ainsi, il y a une tentative notable de l’équipe de développement à mettre le joueur au centre de l’intrigue et le mettre en face des conséquences quasi-immédiate de ses choix.
Car la temporalité est découpée d’une façon assez rapide par tranche de deux heures pour conserver un réalisme par rapport aux déplacements des protagonistes durant les derniers moments de l’enquête. Enfin, il y a des flashback pour expliquer l’histoire autour des dernières heures du supposé meurtrier.
Notion du bien et du mal
Donc le jeu se déroule comme un film, avec une vision du côté des gens du Bien (policier, avocat) du point de vue sociétal. Et c’est là un des arguments forts du scénario, sont-ils réellement du bon côté ? Quoique à côté de crimes atroces perpétrés, il n’y a pas à se poser la question. Mais un grand nombre d’ambiguïtés sont soulevées durant la partie. Cela étant dit, on n’a pas choisi et l’on se bat avec nos trois actions possibles pour arriver à la conclusion de cette affaire.
Seul, c’est bien et c’est noir.
Alors que penser finalement de ce gameplay vendu par Sony comme party game. Car on est clairement dans un jeu aux contrôles minimalistes qui promet beaucoup au(x) joueur(s). De manière surprenante, le jeu a un bon déroulement et peut facilement se jouer en solo, tout en étant regardé par des amis spectateurs de votre investigation.
Paradoxalement, à plusieurs joueurs, c’est le nombre impair qui sera un plus et surtout on rentre dans un party game plutôt casual pour les participants.
Après l’équilibre voulu par le staff ne fait qu’apporter un déséquilibre dans le jeu pour les joueurs et le côté fun n’étant pas de mise dans ce type d’enquête, cela peut entraver le plaisir de la découverte.
Alors à tout choisir, le parti pris de « Late Shift » est préférable pour garder le côté haletant de cette aventure narrative. Car il ne faut pas perdre de vue que c’est la narration qui donne le ton de cette histoire. Et pour l’introspection, ainsi que l’empathie que l’on peut avoir pour les protagonistes. Ainsi la lecture solitaire est la plus propice à profiter pleinement potentiel de cette expérience PlayLink.
A l’instar d’un « Heavy Rain » de David Cage, on est dans un enchevêtrement de ramifications qui amèneront à modifier votre carnet de notes.
A deux, ce n’est pas le top et cela devient compliqué
Les règles du jeu sont différentes à plusieurs. Par exemple, lors des choix, c’est la majorité qui l’emporte. Cela devient donc un jeu coopératif ou diplomatique parfois. De plus, lors d’un choix, il est possible d’écarter les autres joueurs par une prise de contrôle du choix. Mais attention, il y a un nombre limité de prises de contrôle pour une partie. Et le seul moyen de regagner des prises de contrôle est par la découverte d’indice lors des phases de recherche. Cela devient un jeu de réflexe et de rapidité entre les joueurs.
Lors des phases de réactions, la possibilité de gagner une prise de contrôle se profile si la cible est touchée par le joueur en premier. De même, lors des phases de combat, le choix de tirer dépend toujours de la majorité.
Le problème vient du fait qu’à deux joueurs, il peut y avoir un choix différent et donc un consensus doit être trouvé. Cela par la prise de contrôle ou par la diplomatie via la discussion. Bref, cela casse le rythme dramatique de l’histoire.
Enfin, un nombre pair de joueurs compliquent les décisions par des status quo problématique à résoudre.
A plusieurs et nombre impair, c’est mieux
Ainsi le mode rivalité, dans les parties à plusieurs, possède des composantes spécifiques. Or on arrive dans un jeu à score, avec des intentions cachées qu’il faut conserver et tromper les autres quant à vos intentions réelles. De même que les intentions cachées, les intentions finales permettent d’obtenir 200 points, et il faut orienter l’histoire en cours pour réaliser cette finalité. Tout ceci doit rajouter du piment à la soirée entre amis, mais cela casse surtout l’ambiance sérieuse du propos. Et comme on n’est pas dans une murder party, cela entrave le bon déroulement de l’histoire de façon endémique. Alors même si à trois, les choix sont plus simples du fait du nombre impair, cela est moins bien que la tranquillité du mode histoire en solo.
Une fin, des fins.
Il y a différentes fins possibles dont une des pires qui soit avec l’héroïne prise dans un piège qui lui fera porter le chapeau. Et c’est assez rare de finir un jeu en étant le méchant de l’histoire. De plus, les cheminements sont légèrement différents selon vos choix et leurs conséquences. Et cela est appréciable pour un jeu qui dit proposer des choix qui influenceront réellement le déroulement du récit.
L’application smartphone, un plus et un moins
Le journal est une des pierres angulaires du concept de HA, il se compose de quatre onglets.
- L’onglet d’intrigue résume cette dernière pour rappel de l’aventure qui se déroule. Cela est bien et moins bien en même temps, car ce n’est pas indispensable au jeu.
- Les biographies, quant à elles sont plus intéressantes, cela permet d’entrevoir les trames scénaristiques, ainsi que de donner une carte des intervenants.
- Les répercussions sont utiles, mais redondantes avec le jeu que l’on vit et qui se suffit à lui-même.
- Les règles sont le manuel digital de HA avec les règles, la prise de contrôle, les réactions, les recherches, le combat, le journal, les intentions cachées, l’intention finale et la confiance.
Conclusion
Ce titre noir de la collection PlayLink est bon, ce n’est pas un triple A, ce n’est pas un chef d’œuvre, mais il s’apprécie à sa juste valeur. Alors, est-ce qu’on y reviendra souvent, sans doute pas plus que quelques parties entre amis ou en solo. Mais ce jeu ne laissera pas indifférent dans sa narration lorsque le joueur fera ses premiers pas dessus. Et une fois, l’intrigue entrevue ou déroulée, le joueur peut toujours se fixer l’objectif de découvrir les différents embranchements. Attention, cela est le choix de chacun, certains ne voulant jouer qu’une seule fois et d’autres explorer toute l’arborescence du jeu. Mais pour moins de 20 €, ce n’est pas la fin du monde et cela se regarde comme une bonne série noire.
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Avis sur Hidden Agenda (PS4)
Résumé d'Hidden Agenda
Hidden Agenda est un titre PlayLink, la nouvelle façon de jouer avec son smartphone sur la PS4 par Sony. Si la prise en main est rapide, l’intrigue est bien glauque et quelques révélations font leur effet la première fois. Donc on aime ou on déteste, mais il ne laissera pas indifférent.
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Scénario - 7/10
7/10
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Graphisme - 8/10
8/10
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Sons - 9/10
9/10
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(Re)-jouabilité - 7/10
7/10
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Application - 8/10
8/10
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Prix - 7/10
7/10
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Ergonomie - 7/10
7/10
Globalement
Pour
- Intrigue glauque
- Ambivalence des protagonistes
- Ambiance sonore (pour casque)
- Smartphone reconnu immédiatement
- Bluff possible en multi
- Aventure narrative efficace en solo
- A jouer la nuit
Contre
- Jeu multi à nombre de joueurs pair pas top
- Nb de joueurs impairs plus amusant
- Multi casse le rythme du jeu
- La chasse aux prises de contrôles