Jeux vidéoTest

5 raisons de jouer (ou pas) à Les Fourmis

Adapter le roman culte Les Fourmis de Bernard Werber en jeu vidéo est un défi aussi ambitieux que risqué. Ce best-seller, à la croisée de la science-fiction, de la biologie et de la philosophie, plonge ses lecteurs dans un univers minuscule mais incroyablement riche. Microids tente d’en proposer une interprétation vidéoludique, sous la forme d’un jeu de stratégie en temps réel, atypique, immersif et sensoriel. Le joueur incarne une fourmi rousse évoluant au sein d’une colonie en plein bouleversement, entre guerre, expansion et survie. Le gameplay repose sur des mécaniques uniques basées sur l’usage des phéromones, offrant une expérience radicalement différente des RTS traditionnels.

Mais cette singularité est-elle suffisante pour séduire un public habitué aux mécaniques plus classiques ? Le jeu parvient-il à capter l’esprit du roman sans tomber dans l’exercice scolaire ? Et surtout, cette expérience originale est-elle agréable à jouer sur la durée ? Voici cinq raisons de jouer – ou pas – à Les Fourmis.

Raison 1 (pour) : Une adaptation fidèle mais accessible de l’univers de Les Fourmis

Le jeu reprend avec rigueur l’univers développé dans le roman. On y retrouve la colonie, l’organisation sociale des fourmis, les dangers de l’environnement, et même des narrations scientifiques typiques du style Werber. Ce respect du matériau original est un vrai plus pour les fans. Mais le studio a aussi pris soin de rendre l’expérience accessible à ceux qui ne connaissent pas l’œuvre.

Le didacticiel est progressif, la narration s’intègre par petites touches, et l’univers se dévoile par touche et de manière claire. Cela rend l’entrée dans le jeu fluide, quel que soit le niveau de familiarité avec les livres. Ce qui rend cette adaptation particulièrement réussie, c’est qu’elle conserve l’aspect philosophique et contemplatif du roman sans noyer le joueur dans un excès d’informations. Les textes sont courts, bien écrits, et ponctuent le jeu de manière équilibrée.

Ils permettent d’ancrer l’aventure dans un cadre plus large, tout en laissant place à l’interprétation. L’immersion est renforcée par des choix de mise en scène sobres, mais efficaces. Qui évitent le piège du surjeu ou de la théâtralité forcée. En somme, un bel équilibre entre fidélité littéraire et accessibilité vidéoludique.

Raison 2 (pour) : Les Fourmis propose un gameplay original basé sur les phéromones

Contrairement aux RTS classiques, ici le joueur ne donne pas d’ordres directs. Il influence le comportement de la colonie via des traces de phéromones. Cela crée une immersion rare et une vraie sensation d’être une fourmi. Marquer un chemin, signaler une menace, organiser une collecte : tout passe par ces signaux chimiques. Le gameplay devient alors une forme d’interaction organique, qui oblige à anticiper plutôt qu’à réagir.

Il faut apprendre à penser comme une fourmi, à gérer ses priorités non pas en termes de contrôle total, mais en instaurant un équilibre subtil dans les flux d’information et d’action. La gestion des phéromones se fait de manière intuitive, via un mapping des commandes bien pensé (notamment à la manette), ce qui permet une courbe d’apprentissage douce, sans pour autant sacrifier la profondeur stratégique. Ce système, à la fois innovant et cohérent avec l’univers, devient vite addictif et offre des possibilités de planification qui n’existent dans aucun autre jeu du même genre.

Raison 3 (pour) : Les Fourmis offre la sensation d’évoluer dans un monde gigantesque

Le jeu réussit à créer un univers cohérent à l’échelle d’un insecte. Chaque objet du quotidien devient une montagne, chaque brin d’herbe une forêt. On se sent réellement minuscule, perdu dans une nature gigantesque. Cette échelle inversée est exploitée avec soin, tant dans la direction artistique que dans le level design.

Chaque mission nous plonge dans un environnement différent : sous-bois, cuisine humaine, terrain vague… Le monde semble immense, varié, et toujours hostile.

Les Fourmis_20241101135003

Les environnements ne sont pas juste des décors, ils influencent le gameplay. Les éléments du décor – flaques d’eau, morceaux de nourriture humaine, détritus – ne sont pas seulement visuellement marquants, ils deviennent des éléments stratégiques à exploiter ou à contourner.

Ce sentiment de gigantisme permanent transforme la moindre exploration en expédition périlleuse. Le travail sur le son amplifie cette immersion : chaque bruissement, chaque goutte de pluie devient une menace potentielle, et donne à l’ensemble une ambiance presque sensorielle. L’univers de Les Fourmis n’est pas seulement vu, il est ressenti.

Raison 4 (contre) : Une structure trop linéaire

Malgré un univers riche et des mécaniques originales, le jeu suit une trame très dirigiste. Chaque mission a des objectifs précis, qu’il est difficile de contourner. Il y a peu de liberté stratégique, et encore moins de choix narratifs. Le joueur doit souvent suivre un chemin prédéfini, ce qui limite l’expérimentation. Cela peut convenir à un public moins adepte des RTS, mais les amateurs de stratégie libre risquent de s’y sentir à l’étroit.

La progression se fait mission par mission, avec un enchaînement parfois trop mécanique. Même les phases d’exploration sont balisées par des contraintes invisibles qui restreignent les possibilités d’action. On aimerait pouvoir développer sa colonie comme on l’entend, prendre des risques, établir sa propre hiérarchie de priorités.

Or, ici, le gameplay impose un rythme, une méthode, un style de jeu. Cela bride un peu la créativité, surtout lorsqu’on sent que le moteur du jeu permettrait d’aller plus loin. On espère que d’éventuelles extensions ou mises à jour offriront plus d’ouverture et de liberté au joueur.

Raison 5 (contre) : Des performances inégales et des combats peu lisibles

Si le jeu est fluide sur une bonne configuration PC, ce n’est pas le cas partout. Les versions consoles ou les PC plus modestes rencontrent des ralentissements, surtout lors des combats. Ces derniers sont justement un autre point faible. Dans les zones denses, la lisibilité devient vite un problème. Les fourmis se confondent, les animations s’emmêlent, et il devient difficile de savoir ce qu’il se passe.

La caméra est parfois trop proche de l’action, ce qui complique la vision d’ensemble. Il faut souvent ajuster manuellement son positionnement pour garder le contrôle, ce qui casse un peu le rythme dans les moments critiques. Le système de ciblage manque de précision, et les affrontements tournent vite au chaos visuel, surtout quand plusieurs espèces s’affrontent dans une même zone. Cela nuit à la sensation de contrôle stratégique et rend certains combats plus frustrants que gratifiants. Techniquement, on sent que le moteur graphique atteint ses limites dans ces séquences, et quelques ajustements seront nécessaires pour améliorer l’expérience à long terme.

Logo Café du Geek
Produit disponible sur
Logo Amazon
LES FOURMIS (EMPIRE OF THE ANTS) pour Playstation 5
LES FOURMIS (EMPIRE OF THE ANTS) pour Playstation 5
24,95 €
Voir l'offre
Les Fourmis 29,99€

Résumé

Les Fourmis propose une expérience singulière dans le paysage vidéoludique. En misant sur un gameplay sensoriel, lent et organique, le jeu offre une immersion forte dans un monde fascinant. C’est une adaptation respectueuse, originale, mais aussi un peu trop rigide dans sa structure. Les performances techniques et la lisibilité des combats mériteraient plus d’attention. Malgré tout, pour un prix raisonnable et une proposition aussi rare, Les Fourmis mérite qu’on s’y intéresse. Si vous cherchez un RTS classique, passez votre chemin. Mais si vous voulez vivre une expérience différente, à hauteur de mandibules, c’est une aventure à tenter.

  • Graphismes - 8/10
    8/10
  • Jouabilité - 9/10
    9/10
  • Bande-son - 7/10
    7/10
  • Durée de vie - 7/10
    7/10
Globalement
7.8/10
7.8/10

Pour

  • Une adaptation fidèle et accessible de l’univers de Bernard Werber
  • Gameplay original
  • Une vraie sensation d’être une fourmi dans un monde gigantesque
  • Direction artistique
  • Bonne ergonomie à la manette
  • Prix raisonnable pour une expérience aussi singulière

Contre

  • Structure très linéaire
  • Performances inégales sur certaines configurations
  • Combats peu lisibles dans les zones denses
Photo de Yazid Amer

Yazid Amer

Geek, gamer, esthète et bon vivant, un principe tout se Bench ! Si en plus je m’amuse que demander de plus ?

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page