Avengers : Endgame – Notre critique (avec spoilers)
Après onze ans et vingt-deux films : le MCU tente d’apporter une conclusion mythique à la saga, avec « Avengers Endgame ». Alors, pari réussi ? Réponse dans une critique remplie de spoilers.
We’re in the Endgame now
Après la fin tragique de « Infinity War », nos héros sont laissés seuls et vaincus, devant vivre avec le souvenir de leurs amis disparus. Evidemment, ces derniers ne se laissent pas faire et tentent le tout pour le tout, dans un ultime plan pour ramener les défunts. Voyage dans le temps, fan service à gogo, humour omniprésent et gros affrontements seront donc au programme de ce best of pour fans.
Avec ce postulat, le nouveau bĂ©bĂ© des studios Marvel se devait d’offrir une suite Ă la hauteur, mais aussi et surtout, une conclusion Ă la saga. Du haut de ses trois heures, le film des Russo avait donc une lourde tâche.
MĂŞme s’il se hausse aisĂ©ment dans le haut du panier, le rĂ©sultat n’est pas totalement Ă la hauteur des attentes dĂ©mesurĂ©es des fans. Et ce, pour plusieurs raisons.
Whatever it takes
Comme promis, l’introduction du long-mĂ©trage adopte un ton et un rythme rarement vus dans le MCU. Ainsi, après la mort de la moitiĂ© de l’univers, tous les hĂ©ros tentent de reprendre une vie normale, malgrĂ© la charge Ă©motionnelle que cela implique. La première heure de l’oeuvre Ă©tonne et surprend donc par la noirceur de son propos. Pour une fois, ce dernier n’est pas pris par-dessus la jambe et est traitĂ© soigneusement. En effet, suite aux Ă©vĂ©nements de « Infinity War », chaque personnage a Ă©tĂ© impactĂ© et profondĂ©ment changĂ©.
A l’inverse de son prĂ©dĂ©cesseur, les protagonistes ne sont plus ici des coquilles vides servant Ă dĂ©blatĂ©rer leur lot de blagues. Au contraire, l’Ă©criture des Russo permet de les reconstruire et de leur offrir un second souffle, grâce Ă de nouveaux enjeux dramatiques. Certains chemins empruntĂ©s sont mĂŞme vraiment osĂ©s et rĂ©ussis. Que ce soit Tony Stark, tentant de fonder une famille pour oublier la disparition de son fils spirituel, Clint Barton, dont les actes sanguinaires sont marquĂ©s par la mort de toute sa famille, ou encore Thor, devenant un loser dĂ©pressif et terriblement touchant.
MĂŞme les acteurs semblent un peu plus investis, contrairement aux prĂ©cĂ©dents oĂą tout le monde semblait lĂ pour encaisser son chèque. La rĂ©introduction de tous ces personnages se fait donc merveilleusement bien. HĂ©las, toutes ces promesses partent en poussière avec l’arrivĂ©e de la seconde partie du film.
Back To The Future
Tout l’axe majeur, teasĂ© depuis longtemps, est finalement le plus laborieux. En effet, le voyage dans le temps n’est qu’un prĂ©texte pour amener son lot de fan service et humour Ă outrance. De ce fait, on met totalement de cĂ´tĂ© toute la tonalitĂ© noire prĂ©sentĂ©e en introduction. Le pire, c’est que l’humour de « Endgame » est un des plus pĂ©nibles du MCU, s’Ă©vertuant Ă dĂ©dramatiser chaque sĂ©quence. Ce n’est donc pas la mort de Black Widow qui viendra nous Ă©mouvoir car cette dernière est entre-calĂ©e entre deux passages comiques.
A cĂ´tĂ© de ça, cette partie de l’intrigue est aussi une manière pour Marvel de rĂ©compenser ses fans, en revisitant son propre univers. Nombreuses sont les sĂ©quences reprises d’autres films, mais d’un point de vue diffĂ©rent. L’idĂ©e est intĂ©ressante mais la mise en pratique est assez mĂ©diocre. Certains passages sont plutĂ´t subtils et plaisants mais d’autres font juste office de clin d’œil pas du tout subtil aux fans. Il est encore plus dommage de voir le nombre de possibilitĂ©s que « Endgame » possĂ©dait mais qu’il n’exploite jamais vraiment. Ce n’est pas les règles du voyage dans le temps qui viendront arranger cela. Ce dernier est effectivement complĂ©mentent incohĂ©rent, envers les propres règles qu’il a lui-mĂŞme Ă©tablies. Les facilitĂ©s scĂ©naristiques sont donc lĂ©gion et viendront souvent perdre le spectateur ou le faire sortir momentanĂ©ment du film.
Rira bien qui rira le dernier
Heureusement, tout n’est pas Ă jeter dans ce deuxième acte. Le rythme est plutĂ´t bien tenu et l’on ne s’ennuie que rarement, malgrĂ© le montage confus. De mĂŞme, l’Ă©criture soignĂ©e des personnages revient aussi par moments. Ainsi, la discussion entre Tony et son père ou le regard que porte Steve vers sa compagne viennent titiller le cĹ“ur du spectateur de la plus belle des manières. Ces sĂ©quences permettent aussi de clĂ´turer les arcs narratifs des deux hĂ©ros, n’ayant jamais pu avouer et profiter de l’amour qu’ils portaient pour ces deux proches.
Il est d’autant plus dommage de voir que seuls ces personnages sont pleinement exploitĂ©s dans « Endgame ». Mis Ă part ledit trio principal (Cap, Stark et Thor), beaucoup sont complètement sous-exploitĂ©s, Ă l’image de Ronin. Pire, Captain Marvel, longtemps annoncĂ©e comme majeure, n’est finalement que rarement prĂ©sente et n’a pour unique rĂ´le que d’ĂŞtre le deus ex machina ultime.
MĂŞme Thanos, particulièrement bien dĂ©veloppĂ© dans le prĂ©cĂ©dent, est rĂ©duit au rĂ´le de brute sans cĹ“ur. Toute l’ambiguĂŻtĂ© qui tournait autour de lui est complètement abandonnĂ©e et ce dernier n’aura plus que le charisme de Josh Brolin pour rester un mĂ©chant imposant.
Avengers Assemble !
Mais, malgrĂ© cet acte mĂ©diocre, « Avengers Endgame » convint grâce Ă un climax totalement fou. Les fans espĂ©raient mais le rĂ©sultat n’est pas insatisfaisant. Loin de lĂ . Après une deuxième heure bien sage, le long-mĂ©trage se rĂ©veille enfin et se livre Ă la conclusion faramineuse que l’on espĂ©rait. MĂŞme la mise en scène des Russo , jusque-lĂ très faiblarde, accepte enfin de donner un souffle Ă©pique Ă l’ensemble. Sans Ă©videment atteindre le niveau d’un « Seigneur des Anneaux » (loin de lĂ ), la bataille fait quand mĂŞme effet et dĂ©crochera plusieurs frissons aux spectateurs, notamment lors du fameux « Avengers, assemble ! » clamĂ© par Captain America. Entre ses innombrables hĂ©ros rĂ©unis tous ensemble, ses idĂ©es foisonnantes et sa bande originale rĂ©ussie (quoique un peu redites des anciens travaux de Silvestri) : tout est fait pour que le fan saute de son siège.
Toutefois, alors que l’on pensait avoir tout vu, le conflit offre un dernier acte de bravoure, avec le sacrifice de Iron Man. Longtemps attendue et redoutĂ©e, la sĂ©quence n’en est que plus tristement touchante, lorsque l’on voit le soin apportĂ© Ă celle-ci. Les derniers souffles de l’homme de fer au cĹ“ur d’or seront alors un vĂ©ritable supplice pour les spectateurs. Seul le plus grand rĂ©fractaire du MCU pourra ne pas verser une larme dans cette ultime action, grandiose et dĂ©chirante.
Conclusion
« Avengers Endgame » n’est pas la conclusion attendue, la faute Ă tout acte vraiment mĂ©diocre et poussif. Toutefois, malgrĂ© ses nombreuses errances, l’oeuvre des Russo prend certains risques et ose prendre des chemins inattendus. La nouvelle facette de certains personnages et la conclusion de certains arcs narratifs sont autant d’Ă©lĂ©ments qui raviront les fans de la première heure. Ce n’est pas le climax qui viendra nous faire dire le contraire, vĂ©ritable ode Ă l’immensitĂ© et Ă l’Ă©motion. Cependant, avec cette fin grandiose et difficilement surpassable, Marvel signe en quelque sorte son arrĂŞt de mort et une pause leur serait sĂ»rement bĂ©nĂ©fique.
Comme le dit Pepper Ă son mari qui s’apprĂŞte Ă rendre son dernier soupir : tu peux te reposer maintenant…
Des mots qui s’appliquent tant au personnage qu’Ă la recette Marvel tout entière.
Avengers Endgame
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Réalisation - 55%
55%
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Bande Originale - 65%
65%
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Scénario - 50%
50%
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Casting - 65%
65%
Pour
- La mise en scène des Russo, qui se réveille enfin vers la fin.
- La bande originale de Silvestri, efficace et souvent marquante
- Le développement de certains personnages
- Le climax, oĂą les frissons cĂ´toient les larmes
- Les acteurs, de nouveau investis dans leurs rĂ´les
- L’introduction, excellente et acceptant son cotĂ© tragique
Contre
- Un deuxième acte plutôt moyen
- Les facilités scénaristiques
- Des protagonistes sous-exploités
- L’humour lourd et hors-propos
- Du fan-service peu subtil par moments
- La mise en scène en pilote automatique