Manga – Shibatarian : un manga subtilement effrayant
Shibatarian, manga de Katsuya Iwamuro, publié chez Panini Manga, s’inscrit dans une veine atypique où l’horreur psychologique se mêle à une critique subtile de l’amitié et de la réalité sociale. C’est une œuvre parfaite en ce jour d’Halloween.
Dès le début de l’histoire, le protagoniste Hajime Sato fait une découverte dérangeante : un garçon, Shibata, est partiellement sous terre devant un cerisier. Ce dernier devient mystérieusement un ami proche de Sato, partageant avec lui une passion pour le cinéma. À mesure que leur amitié se renforce, la réalité autour de Sato se déforme, rendant les frontières entre réel et imaginaire de plus en plus floues.
La narration de Shibatarian se base sur une tension croissante. Bien que Sato soit initialement fasciné par Shibata. Il découvre que ce dernier n’existe pas pour ses camarades et semble même se multiplier de manière anormale dans son environnement. C’est ici qu’Iwamuro utilise des codes propres au cinéma d’horreur psychologique et de suspense. Chaque rencontre avec Shibata incarne un pas de plus vers un cauchemar où les facettes de Shibata prennent des allures quasi-apocalyptiques, dans lesquelles l’amitié semble se transformer en une entité envahissante et menaçante.
Derrière cette histoire troublante, Katsuya Iwamuro critique subtilement l’isolement social et les obsessions de la jeunesse moderne. Notamment à travers des éléments visuels rappelant des œuvres cultes comme celles de Junji Ito. Les dessins de Shibata, qui passe d’une apparence normale à des formes monstrueuses ou grotesques, soulignent un malaise constant et exacerbent l’étrangeté de l’intrigue. En effet, l’auteur excelle à donner vie à des scènes où les personnages, en proie à des émotions de terreur ou d’angoisse, questionnent leur propre identité et celle de ceux qui les entourent.
La publication en version française permet désormais au public francophone de découvrir cette histoire fascinante, qui pousse à réfléchir sur la notion de mémoire et de la construction de soi à travers autrui. Au-delà de son aspect horrifique, Shibatarian traite de thèmes profonds comme la quête d’authenticité et les illusions que les individus peuvent entretenir dans leurs relations sociales, surtout à une époque où l’identité peut être aussi fluide que complexe.
En somme, Shibatarian parvient à mêler horreur et critique sociale dans une structure narrative captivante et riche en rebondissements. C’est un manga qui s’inscrit dans une tradition horrifique nouvelle, intégrant des éléments contemporains pour explorer des angoisses humaines intemporelles.