5 raisons ou pas de jouer à L’Amerzone Le Testament de l’Explorateur

Microids ressuscite un monument du jeu d’aventure avec L’Amerzone Le Testament de l’Explorateur. Sorti initialement en 1999, ce titre emblématique, conçu par le regretté Benoît Sokal, revient en 2025 dans une version entièrement remaniée en 3D temps réel. Ce remake ambitionne de moderniser, sans trahir, de magnifier, sans dénaturer, une œuvre qui reposait plus sur sa poésie que sur ses mécaniques. À mi-chemin entre rêve éveillé et fable écologique, L’Amerzone fait aujourd’hui appel à deux publics distincts : les nostalgiques du jeu original et les nouveaux venus en quête d’une aventure contemplative. Reste à savoir si la magie opère toujours, si l’émotion est intacte, et si la technique suit l’ambition artistique. Voici cinq raisons de se lancer, ou non, dans ce voyage singulier.
Raison 1 (Pour) : un univers poétique resté intact malgré la modernisation graphique

Le charme de L’Amerzone Le Testament de l’Explorateur repose sur son monde à la fois tangible et imaginaire. Le remake conserve cette essence. Le phare breton, les villages lacustres, les marais noyés de brume et les installations mécaniques vieillissantes sont transposés avec un respect à saluer. Le passage à la 3D en temps réel n’a pas défiguré l’âme du jeu. Il l’a révélée. Chaque environnement est habité, texturé avec soin, baigné dans une lumière douce et naturelle. Le résultat n’est pas seulement technique, il est sensoriel. L’œil flâne, le regard s’attarde, les décors vivent.

Les développeurs n’ont pas seulement mis à jour les graphismes. Ils ont aussi enrichi l’arrière-plan narratif par petites touches : croquis annotés, lettres intimes, fragments de souvenirs. Tout cela s’intègre au journal de bord, renforçant la cohérence du monde et la profondeur des personnages. Rien de gratuit ou de surchargé. Cette sobriété accentue la qualité de l’expérience. Le joueur ne subit pas l’environnement, il l’explore, il l’habite. L’univers reste contemplatif, mais gagne en texture et en émotion.
Raison 2 (Pour) : une mise en scène modernisée qui respecte le rythme original
Là où beaucoup de remakes cherchent à densifier le rythme ou à ajouter des séquences pour étoffer artificiellement le contenu, L’Amerzone Le Testament de l’Explorateur reste fidèle à sa temporalité. Pas de surenchère. L’aventure se déroule à un rythme lent, presque cérémoniel. Chaque arrêt a un sens, chaque interaction participe à la reconstruction du passé et à la réparation du présent.

Les transitions entre les lieux, auparavant saccadées par les tableaux fixes, sont aujourd’hui fluides. Les caméras glissent, les objets bougent, les mécanismes se mettent en branle avec une certaine grâce. La manipulation des objets gagne en clarté grâce à une modélisation 3D intuitive. Le curseur change de forme selon le contexte, les indices sont intégrés dans les décors, et la navigation devient plus naturelle sans pour autant trahir l’esprit du point and click.

En respectant la structure narrative d’origine tout en l’habillant d’outils modernes, Microids réussit un équilibre délicat. Le joueur avance sans être brusqué. Le jeu ne le presse jamais, mais l’encourage à la curiosité, à l’attention, à la déduction. Une leçon de sobriété ludique dans un monde saturé de jeux survoltés.
Raison 3 (Pour) : un système d’énigmes bien conçu, équilibré et fidèle à l’aventure originale

Les énigmes dans L’Amerzone Le Testament de l’Explorateur ont toujours été au cœur de l’expérience. Ici, elles restent simples, logiques, mais bien intégrées au récit. Trois grands types se distinguent. L’observation d’abord : croquis, cartes, lettres et objets fournissent des indications visuelles à repérer et à appliquer. Ensuite, la remise en marche de machines, souvent liées à l’Hydraflot. Il faut comprendre un mécanisme, actionner les bons leviers dans le bon ordre, relancer un circuit ou une pression. Enfin, des combinaisons d’inventaire qui restent très accessibles.

Ce qui fait la force de ces puzzles, c’est qu’ils sont toujours ancrés dans le monde. Pas d’énigmes abstraites sorties de nulle part. Chaque solution a du sens. Il s’agit de comprendre comment fonctionne un monde ancien, en respectant ses règles, ses rituels, ses gestes oubliés. Le journal de bord, intelligemment conçu, compile tous les indices et les objets peuvent être examinés sous tous les angles, facilitant les déductions. On regrette quelques indices écrits en cursive, parfois difficiles à lire, mais cela reste marginal. La difficulté est progressive et jamais frustrante.
Raison 4 (Contre) : des visages et animations humaines qui peinent à convaincre
Si les environnements gagnent en beauté et en relief, les visages des personnages trahissent les limites techniques du remake. Leur modélisation reste rigide, peu expressive, et tranche avec le soin apporté aux décors. Les animations faciales sont rares, les regards souvent fixes, et les lèvres bougent parfois de façon décalée avec les voix. Cela crée un léger flottement, surtout dans les scènes narratives où le visage porte normalement l’émotion.

La mise en scène évite cependant de trop insister sur ces défauts. Les dialogues sont souvent brefs, les interactions limitées. Le jeu préfère la suggestion à la confrontation, ce qui atténue la gêne. Mais pour un remake de 2025, on pouvait espérer mieux à ce niveau. Cela n’entame pas la beauté du voyage, mais cela brise parfois l’immersion. Ces limites techniques n’empêchent pas d’apprécier l’ensemble, mais elles rappellent que le studio a dû faire des choix, sans doute liés aux contraintes budgétaires.
Raison 5 (Contre) : une absence de mode rétro qui frustre les puristes
Microids a fait le choix d’un remake intégral, en 3D temps réel, et c’est une réussite. Pourtant, l’absence totale d’un mode « tableaux fixes » ou d’un filtre visuel rétro soulève une question. Les puristes de la première heure, attachés à l’ambiance figée et au style des années 90, auraient sans doute apprécié un clin d’œil plus appuyé à la version originale.

Ce manque n’est pas rédhibitoire, mais il empêche le jeu de jouer pleinement sur la corde nostalgique. D’autres remakes ont su intégrer ce type d’option (comme Monkey Island ou Myst), permettant aux joueurs de basculer entre deux époques en un clic. Ici, on doit se contenter du souvenir. Le remake reste fidèle dans le fond, mais n’offre pas d’outil pour comparer ou revivre les sensations d’époque.

L’Amerzone Le Testament de l’Explorateur 60€
Résumé
L’Amerzone Le Testament de l’Explorateur réussit un pari délicat : offrir un jeu modernisé sans trahir son essence. Poétique, lent, logique et contemplatif, ce remake conserve la vision de Benoît Sokal tout en l’habillant d’un enrobage technique sobre et efficace. Les énigmes tiennent la route, les décors sont superbes, et l’ambiance sonore, bien que discrète, enveloppe parfaitement l’ensemble. Seuls quelques éléments techniques comme les visages rigides ou l’absence de mode rétro viennent ternir une copie par ailleurs très propre. Pour les amateurs d’aventure narrative et de récits sensibles, L’Amerzone version 2025 est une escale incontournable pour les joueurs esthètes. .
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Graphismes - 8/10
8/10
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Jouabilité - 8/10
8/10
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Bande-son - 8/10
8/10
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Durée de vie - 8/10
8/10
Globalement
Pour
Univers cohérent et poétique
Fidélité à l’esprit d’origine
3D temps réel soignée
Manipulation d’objets intuitive
Journal de bord bien conçu
Contre
Visages rigides
Pas de mode rétro avec tableaux fixes
Certaines énigmes mal indiquées
Écritures cursives difficiles à lire
Rythme qui ne conviendra pas à tous




