5 raisons (ou pas) de jouer à Yakuza 0: Director’s Cut Switch 2 Edition

Longtemps réservé aux consoles de salon et PC, Yakuza 0 débarque sur Switch 2 dans une version Director’s Cut pleine de promesses. Le joueur y incarne Kiryu et Majima, deux figures opposées, dans un Japon des années 80 saturé de néons, de conflits mafieux et d’excès culturels. Ce Yakuza 0: Director’s Cut Switch 2 Edition est la première adaptation portable et vise à offrir une version définitive, fluide, accessible et complète à cet opus. Mais au-delà de la technique, cette arrivée marque-t-elle un tournant pour Nintendo ? Voici cinq raisons de plonger dans Kamurochō… ou pas.
Raison 1 (Pour) : une histoire à deux visages portée par Kiryu et Majima

Le récit alterne entre deux protagonistes majeurs. Kazuma Kiryu, jeune homme intègre pris au piège d’un complot immobilier, et Goro Majima, exilé élégant contraint de diriger un cabaret pour racheter ses fautes. Le jeu impose ce double point de vue, sans choix laissés au joueur, ce qui garantit une progression fluide et parfaitement rythmée. Ce découpage impose un regard croisé sur les tensions internes du monde yakuza, révélant autant la rigueur que la folie de cette société souterraine.


Le jeu excelle dans ses ruptures de ton. Une scène tragique peut être suivie d’un affrontement absurde, ou d’une quête secondaire burlesque. La narration ne perd jamais sa gravité, même quand elle vire à la comédie. Les dialogues sont longs mais maîtrisés, les cinématiques soignées, et certaines séquences ajoutées dans cette version étoffent la vie des seconds rôles. Sans bouleverser l’histoire, elles enrichissent les moments d’accalmie, donnant de l’ampleur au récit. Ce dosage très japonais entre codes d’honneur, loyauté, absurdité et violence donne à l’ensemble une puissance inattendue.
Raison 2 (Pour) : une performance technique presque sans faille sur Switch 2

Le portage sur Switch 2 est impressionnant de stabilité. Le jeu tourne en 60 images par seconde aussi bien en mode portable qu’en mode docké. Les combats, les cinématiques, l’exploration urbaine et les mini-jeux s’enchaînent sans chute de framerate. Les transitions sont immédiates, les temps de chargement presque inexistants. La fluidité contribue fortement à l’immersion, particulièrement dans les rues bondées et lumineuses de Kamurochō ou Sotenbori.

La résolution en docké et 1080p portable offre une netteté très correcte, sans flou gênant ni scintillement visible. Les effets de lumière restent cependant basiques : aucune illumination dynamique, peu de jeux d’ombre évolutifs. Mais cela n’entrave pas la lecture ni l’atmosphère. La ville conserve sa lisibilité même dans l’agitation. Ce portage prouve que la Switch 2 peut faire tourner des jeux urbains riches, chargés, sans compromis majeur. Mais n’oublions pas que le titre original tournait sur PS4…
Raison 3 (Pour) : un monde vivant, riche en activités et en contenu
Yakuza 0 propose deux quartiers aux identités fortes : Kamurochō et Sotenbori. L’un tendu, sombre, enfermant le joueur dans des ruelles étroites saturées de lumières. L’autre plus ouvert, extravagant, presque théâtral. Ces lieux ne sont pas de simples décors. Chaque coin de rue cache une activité, une mission secondaire ou une absurdité inattendue.

Le joueur peut chanter dans un karaoké, danser, faire du bowling, gérer un club, suivre une mission de filature ou encore négocier une vente de terrain. Le jeu ne se contente pas d’ajouter des mini-jeux pour meubler : chacun d’eux a ses règles, ses récompenses et sa progression. Certaines quêtes secondaires proposent des arcs narratifs complets, souvent absurdes, parfois touchants. On peut croiser des fans de célébrités rivaux, s’occuper d’un chef de gang en crise existentielle ou aider un enfant à retrouver son jouet.

Un mode spécial permet aussi de jouer des vagues d’ennemis à deux. Ce mode bonus reste limité, mais il offre un contrepoint musclé et rapide au récit principal. La durée de vie dépasse les 40 heures en ligne droite, et atteint facilement les 100 heures avec toutes les annexes. Le monde de Yakuza 0 est dense, généreux et plein de surprises.
Raison 4 (Contre) : un portage trop sage, sans véritable nouveauté de fond
Cette version Director’s Cut promettait du contenu supplémentaire. Mais les ajouts restent légers. Quelques cinématiques ont été réintégrées, certains dialogues secondaires rallongés, mais rien qui change les grandes lignes. Aucun quartier inédit, aucune mission principale modifiée, aucun nouveau système de jeu.

Le cœur du gameplay est identique. Les combats restent nerveux, avec alternance de styles, mais sans mécanique inédite. Les coups, les enchaînements, les prises spéciales sont les mêmes qu’en 2017. Les affrontements restent efficaces, mais les anciens joueurs n’y trouveront aucun souffle nouveau. De même, le doublage reste identique, et les musiques, aussi excellentes soient-elles, n’ont pas été réarrangées.

Cette version tient donc plus du portage haut de gamme que du véritable Director’s Cut. Elle améliore la fluidité et la stabilité, mais ne renouvelle ni la structure ni les mécaniques. Pour les curieux, c’est parfait. Pour les vétérans, l’intérêt est limité.
Raison 5 (Contre) : des personnages rigides et une modélisation datée

Le décor visuel global du jeu fonctionne bien. Mais dès qu’on s’approche des visages, les limites techniques sautent aux yeux. Les modèles 3D n’ont pas été retouchés. Les visages sont figés, parfois inexpressifs. Les bouches s’animent sans réel naturel, les regards restent fixes dans certaines scènes clés.

Lors des scènes en plan rapproché, le contraste est fort entre des arrière-plans nets et lumineux et des expressions faciales peu détaillées. Les animations des corps en combat restent correctes, mais les transitions entre séquences paraissent datées. Ce n’est pas un problème constant, mais dans un jeu aussi porté sur la narration, ces limites se ressentent. Cela n’enlève rien à la qualité d’écriture ou au plaisir de jeu, mais cela rappelle qu’on n’a pas affaire à une refonte complète.

Yakuza 0: Director’s Cut Switch 2 Edition 25€
Résumé
Yakuza 0: Director’s Cut sur Switch 2 réussit un pari qu’on pensait impossible il y a encore quelques années : faire tenir un jeu urbain dense, bavard, riche en activités et exigeant en fluidité sur une console portable sans concession visible. Le scénario, les personnages, l’ambiance des années 80 et les combats musclés sont toujours là, portés par un portage solide et fluide. Pour les nouveaux venus, c’est l’entrée idéale dans l’univers Yakuza. Pour les anciens, l’intérêt dépendra de leur envie de rejouer dans de meilleures conditions techniques. Car cette version reste sage. Pas de contenu scénaristique inédit, pas de refonte graphique majeure, pas de mécanique nouvelle. Un excellent portage, oui. Une nouvelle version définitive, presque fait.
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Graphismes - 7/10
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Jouabilité - 8/10
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Bande-son - 8/10
8/10
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Durée de vie - 8/10
8/10
Globalement
Pour
- Deux personnages puissants, bien écrits, aux trajectoires opposées
- Ville dense et vivante, pleine d’activités secondaires et de surprises
- Très bonne fluidité, 60 fps constants même en portable
- Durée de vie massive et rythme maîtrisé
- Ajouts narratifs discrets mais bien intégrés
Contre
- Aucune véritable nouveauté dans le gameplay ou l’histoire
- Expressions faciales rigides, modélisation des visages datée
- Aucun effet lumineux dynamique malgré la puissance de la Switch 2
- Les ajouts scénaristiques restent marginaux pour les joueurs de longue date




