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5 raisons de jouer (ou pas) à Mafia: The Old Country

Dans Mafia: The Old Country, la série s’exile enfin de l’Amérique pour retrouver ses racines siciliennes. Ce nouvel opus nous emmène au cœur d’un système mafieux en expension, à travers le destin d’Enzo Favara, jeune ouvrier de mine devenu soldat d’une famille criminelle locale. Le jeu promet une ambiance pesante, des conflits intimes, et une narration immersive, dans un cadre rarement exploité dans les jeux vidéo. Moins spectaculaire que ses prédécesseurs, mais peut-être plus intense, Mafia: The Old Country propose une formule renouvelée, mais fidèle. Alors, faut-il s’y plonger ? Voici cinq raisons d’y jouer, ou pas.

Raison 1 (Pour) : Un récit classique mais finement écrit

La grande force de Mafia: The Old Country repose sur son récit. L’histoire d’Enzo, ancien carusu vendu à la mine par son propre père, ne cherche jamais l’esbroufe. Elle s’impose doucement, par touches subtiles, par silences et regards lourds. Chaque scène narrative trouve sa place, sans excès ni digressions. Les dialogues sont justes, les personnages crédibles, les enjeux humains. Il ne s’agit pas de conquérir un empire ou de faire tomber un cartel, mais de survivre, d’appartenir, de se faire une place au sein d’un monde codifié.

L’intégration d’Enzo dans la famille Torrisi ne se fait pas par la violence ou la contrainte. Il observe, il choisit. Ce consentement progressif rend son parcours bien plus tragique. Car chaque mission, chaque service rendu, chaque mort acceptée entraîne une perte. Pas forcément une perte physique, mais une part de soi qui disparaît. Ce glissement vers la compromission est raconté sans jugement, avec une forme de fatalité discrète, presque résignée. Et c’est là que le jeu touche juste.

En parallèle, l’introduction d’une romance contrariée, de conflits internes à la famille, et de tensions sociales liées à l’époque enrichissent la narration. Le jeu ne réinvente pas le genre, mais il en respecte les codes tout en y insufflant une authenticité rare. L’écriture ne cherche pas à briller, mais à toucher, et elle y parvient. C’est un récit solide, cohérent, et qui donne envie d’être mené jusqu’au bout.

Raison 2 (Contre) : Une mise en scène parfois rigide et convenue

Si le récit tient bien, la mise en forme visuelle manque parfois d’ampleur. Les cinématiques, bien que correctement réalisées, souffrent de quelques défauts de mise en scène. Les animations faciales manquent parfois de fluidité, les cadrages pas toujours efficient. La musique, bien que soignée, intervient sans toujours bien rythmer les moments clés. Certaines transitions sont abruptes, certains dialogues sonnent un peu trop écrits.

Les décors, eux, sont très beaux, mais peu interactifs. L’environnement semble plus contemplatif qu’engageant. Il n’est pas rare de passer devant des objets qui semblent importants, sans pouvoir les examiner ou les utiliser. C’est frustrant, car l’univers donne envie d’être exploré, d’être vécu.

Raison 3 (Pour) : Une ambiance visuelle et sonore qui captive

La Sicile du début du XXe siècle est ici magnifiée. Les collines sèches, les chemins escarpés, les villages en pierre, les cafés sombres, les autels dans les maisons, tout respire l’authenticité. La direction artistique ne cherche pas l’exubérance, elle cherche la justesse. Et elle y parvient. Les éclairages naturels, la poussière, les ombres projetées par le feuillage donnent au jeu une texture visuelle forte.

Le sound design complète parfaitement cet aspect. Les sons sont précis, sobres, chargés de signification. Un plancher qui craque dans une maison isolée, un fusil que l’on arme dans un silence pesant, un souffle de vent sur les hauteurs, tout est pensé pour renforcer la tension. La musique, souvent inspirée des mélodies traditionnelles siciliennes, alterne avec des nappes orchestrales sombres qui appuient le tragique sans jamais forcer le trait.

Même les rares mots en italien, glissés ici et là dans les dialogues, donnent du poids à l’univers. Ce choix de ne pas tout traduire littéralement, mais de conserver des expressions typiques, renforce l’ancrage local. Mafia: The Old Country ne s’impose pas par la démesure technique, mais par sa cohérence artistique. On s’y croit. Et c’est essentiel pour un jeu où l’histoire repose avant tout sur l’atmosphère.

Raison 4 (Contre) : Un gameplay classique et sans prise de risque

Le système de jeu fonctionne bien, mais manque clairement d’audace. Les fusillades sont efficaces, mais très conventionnelles. Le système de couverture, la visée assistée, la gestion des munitions rappellent des mécaniques vues et revues. Les combats au corps-à-corps, bien que ponctués de jolis duels au couteau, manquent de variété. L’IA ennemie est correcte, mais prévisible. Elle ne surprend jamais vraiment, et les affrontements deviennent assez vite routiniers.

Les missions suivent une structure assez rigide : point A, point B, élimination, fuite, retour. Les objectifs secondaires existent, mais n’apportent ni réelle liberté ni surprise. L’infiltration est présente, mais sommaire. Le jeu se contente de faire bien ce qui a déjà été fait ailleurs, mais le fait bien. Et même si cela reste plaisant à jouer, cela limite la rejouabilité.

En résumé, le gameplay ne déçoit pas, mais il ne séduit pas non plus par son inventivité. Il fait le travail, rien de plus. Ceux qui attendent une révolution ludique ou un système de progression complexe resteront sur leur faim. Ce n’est pas un défaut rédhibitoire, mais cela confirme que le jeu mise avant tout sur son atmosphère et son récit, que la seule action.

Raison 5 (Pour) : Une accessibilité bien pensée, au service de l’histoire

Mafia: The Old Country s’adresse à un large public, sans sacrifier son identité. Le gameplay, malgré son classicisme, est parfaitement équilibré pour permettre à chacun de progresser sans frustration. Les aides à la visée, la clarté des objectifs, la bonne gestion des sauvegardes facilitent l’expérience. Mais cela ne veut pas dire qu’elle est facile. Elle est simplement juste.

Chaque choix de design semble pensé pour ne jamais bloquer la narration. Les séquences sont courtes, bien rythmées, les points de passage nombreux, les temps morts limités. Cela donne un jeu fluide, qui ne perd jamais son joueur. Même les phases d’action, bien que classiques, ne durent jamais trop longtemps. Elles ponctuent le récit sans le freiner. Et cela permet au jeu de maintenir son cap narratif sans interruption.

En parallèle, l’absence de monde ouvert excessif ou d’activités secondaires superflues évite la dilution. Tout est au service du récit, et cela rend le jeu très lisible. Cette accessibilité maîtrisée est une vraie qualité, surtout dans un genre dans lequel trop de titres s’éparpillent. Mafia: The Old Country ne perd pas son objectif. Il veut raconter une histoire. Et il y parvient, sans jamais laisser personne sur le bord de la route.

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Mafia: The Old Country PS5
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Résumé

Mafia: The Old Country est une œuvre de tension, de regards lourds et de silences qui en disent long. Il ne réinvente pas le genre, mais il le respecte avec rigueur et sincérité. Son scénario bien écrit, son ambiance sonore maîtrisée et sa direction artistique convaincante compensent largement une technique perfectible et un gameplay classique. C’est un jeu qui assume son rythme, son format, et son propos. Ceux qui attendent du spectaculaire passeront peut-être à côté. Mais les amateurs de récits mafieux intimes, sobres et pesants y trouveront une expérience solide et marquante. Un bon jeu, à défaut d’un grand jeu, mais qui saura laisser une empreinte chez ceux qu’il touche.

  • Graphismes - 8/10
    8/10
  • Jouabilité - 8/10
    8/10
  • Bande-son - 8/10
    8/10
  • Durée de vie - 7/10
    7/10
Globalement
7.8/10
7.8/10

Pour

  • Une histoire de mafia bien écrite
  • Mise en scène maîtrisée
  • Univers sicilien immersif
  • Direction artistique pleine de charme
  • Narration fluide et rythmée
  • Personnages attachants et bien campés

Contre

  • Progression classique dans le fond et la forme
  • Décors peu interactifs Mise en scène parfois rigide
Photo de Yazid Amer

Yazid Amer

Geek, gamer, esthète et bon vivant, un principe tout se Bench ! Si en plus je m’amuse que demander de plus ?

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