Corée du Sud

MIPPIA veut devenir le gardien mondial du droit d’auteur musical à l’ère de l’IA

Lors du Global Media Meet-up à Séoul, organisé dans les locaux d’Aving News, nous avons rencontré plusieurs startups coréennes innovantes aux côtés des médias DigiTimes, Innovation&Tech Today, Arageek et Vietnam+. Parmi elles, MIPPIA a retenu notre attention. Cette jeune entreprise, portée par son CTO Seonghyeon Go, s’est donné une mission ambitieuse : protéger les créateurs face à la montée de l’intelligence artificielle et au plagiat musical. Une problématique brûlante dans un secteur en pleine mutation.

Un fléau musical mondialisé… et amplifié par l’IA

Quand on évoque le plagiat musical, les exemples ne manquent pas. Ed Sheeran, Mariah Carey, ou encore des groupes de K-pop comme IVE ont tous fait l’objet de controverses ou de poursuites. « Le secteur risque de perdre plus d’un milliard d’euros d’ici 2028, et 30 millions de musiciens sont menacés par ces dérives », nous confie Seonghyeon Go.

Mais un nouveau facteur vient aggraver le problème : la prolifération de contenus musicaux générés par IA. Des outils comme Suno ou Udio permettent de créer une chanson en quelques secondes. Face à ce raz-de-marée, les labels comme Sony ou Universal engagent déjà des poursuites contre certaines plateformes. « Les offices de copyright exigent désormais que les artistes prouvent que leur musique n’a pas été générée par une IA », précise le CTO. MIPPIA se présente alors comme la première IA au monde capable de détecter à la fois le plagiat et l’origine d’une chanson, qu’elle soit humaine, hybride ou totalement artificielle.

Une IA qui “comprend” la musique comme un compositeur

Là où d’autres services analysent uniquement le signal audio, MIPPIA va plus loin en comprenant réellement la structure musicale : couplets, refrains, accords, mélodies. « Notre IA est capable de détecter un plagiat même s’il y a eu un changement de tonalité, de tempo, ou un remix », explique Seonghyeon Go.

Concrètement, l’utilisateur importe une chanson sur la plateforme et obtient un rapport détaillé en moins d’une minute. MIPPIA peut par exemple pointer qu’un segment mélodique d’une chanson russe, sortie un an plus tôt, ressemble à 60 % à un refrain de la chanteuse coréenne Chungha, sortie neuf mois après. « Nous ne faisons pas que comparer des fréquences, on analyse la créativité musicale. Est-ce une coïncidence, ou une copie ? Notre IA peut répondre avec nuance. »

D’un point de vue technique, l’outil repose sur le “segment transcription”, une technologie qui transcrit la musique en notes, voix et instruments, avant d’appliquer des modèles auto-supervisés pour en extraire le sens. MIPPIA est aussi capable de détecter les morceaux hybrides, avec des voix humaines sur des instrumentaux générés par IA, et inversement.

Une adoption mondiale, des ambitions XXL

Fondée par un compositeur et un ingénieur IA, MIPPIA a connu une croissance fulgurante. En un an, la plateforme a séduit plus de 45 000 musiciens dans 149 pays, avec un taux de croissance mensuel de 30 %. « Notre force, c’est d’avoir pensé à la fois pour les artistes indépendants et les professionnels du secteur », souligne Seonghyeon Go.

Le service est proposé via trois formules : une version gratuite pour les vérifications simples, un abonnement standard pour les analyses détaillées, et une version premium pour les cas complexes, avec support dédié. Une API est aussi disponible pour les entreprises, labels ou développeurs souhaitant intégrer la technologie dans leurs outils.

Côté partenariats, MIPPIA est déjà bien implantée en Corée du Sud avec YG Plus et Class Music, et amorce son expansion vers le Japon (partenariats avec XING, SubGate, JASRAC). « Le Japon est le deuxième plus gros marché musical mondial avec 12 milliards de dollars de revenus. C’est un passage stratégique. »

Les États-Unis sont la prochaine étape : objectif 5 millions d’utilisateurs d’ici 2027, avec des accords en cours avec des plateformes comme Splice ou Beatport. L’Europe est également dans le viseur, avec une volonté d’influencer les futures régulations internationales, en collaboration avec des organisations comme la CISAC.

MIPPIA – Redéfinir les règles du jeu

Dans un monde où la frontière entre création humaine et génération artificielle devient floue, MIPPIA veut instaurer un nouveau standard. « Nous voulons rendre aux créateurs le pouvoir de prouver leur originalité, et de se défendre en cas de litige. Et surtout, faire en sorte que l’IA ne tue pas la musique, mais la protège », conclut Seonghyeon Go.

À travers une technologie pointue, une vision claire et une croissance internationale, MIPPIA ne se contente pas d’offrir un service : elle redessine l’écosystème musical de demain. Et ce n’est que le début.

Photo de Léo Thevenet

Léo Thevenet

Geek depuis toujours, Master en Informatique de Tsinghua University en Chine et fan des nouvelles technologies. Journaliste et reporter pour Le Café Du Geek, Je suis ici pour vous faire découvrir des accessoires innovants. Je m’occupe de faire évoluer le site, de gérer l’équipe de rédacteurs mais surtout je suis présent sur un maximum d'événement INTERNATIONAUX pour découvrir toujours plus de choses ! J'adore également rencontrer et juger des startups, vous retrouverez souvent ce genre de contenu avec moi !

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