Uniqconn veut supprimer les câbles : la startup coréenne qui prépare un nouveau standard sans fil

Lors de notre passage en Corée du Sud pour les Global Media Meet-up, organisés dans les bureaux d’Aving News, nous avons rencontré des startups qui façonnent les technologies de demain. Parmi elles, Uniqconn, jeune entreprise fondée en 2022, nous a particulièrement marqué. Son CEO, YD Kim, nous a présenté une vision simple, mais ambitieuse : « We make wireline interfaces wireless ». En clair, rendre USB, HDMI, Ethernet, MIPI… totalement sans fil, tout en gardant la même vitesse et la même latence. Une promesse qui pourrait transformer l’industrie.
Uniqconn : une jeune startup avec une ambition claire, supprimer les câbles

Uniqconn est née en 2022 autour d’une idée forte : éliminer les câbles là où aucune technologie sans fil actuelle ne suffit. Comme le rappelle YD Kim, « So far, we couldn’t make them wireless ». Wi-Fi, Bluetooth ou NFC ne permettent pas de garantir la faible latence et le haut débit exigés par les interfaces modernes.
L’entreprise a avancé pas à pas depuis trois ans, malgré un contexte difficile pour les startups hardware. « We are not so sexy because it’s not AI, it’s just RF », plaisante YD Kim. Pourtant, la société a déjà levé plus de 25 millions de dollars, emploie 47 personnes, et a ouvert des bureaux en Chine, au Japon et aux États-Unis.
L’objectif est clair : créer un nouveau standard universel pour remplacer les câbles courts du quotidien. Un monde sans ports et sans connecteurs, où un smartphone, un laptop ou même un robot industriel pourraient se connecter simplement en étant proches l’un de l’autre. Une vision que le CEO résume très bien : « A world without cables ».
Une technologie 60 GHz pensée pour la vitesse et la stabilité
Le cœur d’Uniqconn repose sur un IC millimétrique, fabriqué chez TSMC, capable de transmettre des données à 5 Gbpssur la bande des 60 GHz. Ce niveau de vitesse, combiné à une latence quasi nulle, ouvre des usages impossibles jusqu’ici.
Le fonctionnement est simple : « When it’s a bit one, we transmit 60 GHz. When it’s a bit zero, very weak 60 GHz ». Pas de protocole lourd, pas de couches réseau. Juste un flux binaire brut, comme un câble physique transmettrait les données. Résultat : une stabilité étonnante, même en présence d’autres signaux.
Aujourd’hui, la portée naturelle est de 5 à 10 cm, extensible à 2 mètres avec des antennes plus puissantes. Mais dans la plupart des cas d’usage, smartphones, caméras, docks, robots, cette distance suffit largement. Comme le précise Kim : « For smartphones, even 0.5 cm is enough because they already use magnets ».
Les cas d’usage sont multiples :
- caméras amovibles haute résolution
- SSD sans fil
- modules détachables pour smartphones
- charnières de laptop sans câble interne
- robots industriels à modules interchangeables
La comparaison avec le NFC revient souvent. L’idée est similaire, mais avec un débit… mille fois supérieur. « NFC is kilo. We are gigabits. It’s another world », rappelle le CEO. Ce débit permet même de transmettre instantanément une interface complète, une vidéo ou un modèle 3D, simplement en touchant un point de contact.
Production de masse, clients secrets et bientôt une présence au CES
Après trois ans de prototypes, Uniqconn franchit enfin la dernière étape : la production de masse. « One million ICs are being manufactured now », nous confirme YD Kim. Les premières livraisons sont prévues pour janvier. Cette montée en volume est essentielle : les fabricants ont besoin d’évaluer la résistance, la température et le vieillissement de la puce sur des milliers d’unités.
Les premiers clients sont déjà là, mais restent secrets à cause des NDA. « One smartphone company and one laptop company will showcase their product at CES », glisse Kim, sourire en coin. À bon entendeur.
L’entreprise discute aussi avec de grands acteurs de l’IA et des data centers, bien que l’usage soit encore lointain. Mais les perspectives sont énormes : débarrasser les serveurs de certains câbles internes, réduire le risque de casse, simplifier la maintenance.
Sur le marché coréen, Uniqconn profite également d’un contexte favorable. « Korean government is supporting fabless companies very much ». Un soutien indispensable pour un projet aussi ambitieux, qui nécessite R&D, fabrication et certification.
Enfin, Uniqconn espère créer un écosystème complet autour de sa technologie, baptisé UniQ . Fabricants, designers, intégrateurs… tous pourraient rejoindre ce futur standard sans fil.

Conclusion : Uniqconn pourrait bien ouvrir la voie à un futur sans ports
En quittant les bureaux d’Aving News, une idée s’impose : si Uniqconn réussit, nos appareils pourraient devenir plus modulaires, plus réparables, plus évolutifs. Le concept du smartphone modulaire, tenté trop tôt par Google ou LG, pourrait enfin devenir réaliste. « With our IC, self-repair is very easy », assure Kim. Plus besoin d’aligner parfaitement un connecteur fragile.
La startup n’est peut-être « pas sexy » selon son CEO, mais son potentiel l’est clairement. En touchant la couche la plus fondamentale du hardware, la connexion physique, Uniqconn pourrait déclencher une nouvelle vague d’innovation. Et peut-être, un jour, faire disparaître ces câbles qui encombrent encore nos bureaux et nos poches.
Un monde sans fil, dans tous les sens du terme.



